Antibiotiques pour les animaux d’élevage

18/11/2019

C’est aujourd’hui que débute la Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques. Elle vise à sensibiliser le public à la résistance aux antibiotiques et à inspirer de meilleures pratiques chez le grand public, les travailleurs de la santé et les responsables politiques

Dans 40% à 80% des cas, les antibiotiques administrés aux animaux d’élevage sont considérés comme inutiles ou d’utilité très discutable.

Par Victor Yamo, Directeur de campagne, Agriculture durable et sans cruauté, Protection mondiale des animaux Afrique

Les antibiotiques ont joué un grand rôle en médecine moderne. Ils ont servi à traiter les humains et les animaux contre les maladies et infections d’origine bactérienne.

Or avec le recours excessif aux antibiotiques les bactéries sont devenues résistantes, ce qui a pour effet d’allonger la durée des maladies et, dans le pire des cas, de provoquer des décès.

La résistance aux antibiotiques est mondialement l’une des pires menaces pour la santé publique

Antibiotiques dans les élevages

75 % des antibiotiques dans le monde sont utilisés dans l’agriculture. Le secteur agricole a le taux de surconsommation d’antibiotiques le plus élevé.

Dans 40% à 80% des cas, les antibiotiques administrés aux animaux d’élevage sont considérés comme inutiles ou d’utilité très discutable.

Selon une étude réalisée au Kenya par le Global Antibiotic Resistance Partnership (GARP), jusqu'à 70 % des antibiotiques importés sont administrés aux poulets, aux porcs et aux vaches. On note que certains éleveurs utilisent les antibiotiques pour prévenir la maladie.

Cet usage effréné d’antibiotiques en agriculture capte de plus en plus l’attention des consommateurs et incite plusieurs chaines de fastfood à bannir chez leurs fournisseurs tout produit contenant des traces d’antibiotiques.

Pour en savoir plus, lisez notre rapport (en anglais) : 'Pork and the superbug crisis: How higher welfare farming is better for pigs and people'.

Surconsommation d’antibiotiques et cruauté envers les animaux

Des pratiques comme les cages, le manque d’aménagement, la mutilation, la séparation des petits de leur mère à un trop jeune âge entrainent une surconsommation d’antibiotiques dans les élevages du monde entier.

Quand les animaux sont confinés à un environnement surpeuplé et sans aménagement, et qu’ils sont sélectionnés pour une croissance rapide, leur niveau de stress augmente, ce qui compromet leur immunité et leur santé, et qui favorise donc le développement et la propagation de maladies.

Poulet (à griller) dans un élevage avec cages

Utilisation responsable des antibiotiques

L’utilisation responsable des antibiotiques c’est de ne traiter que les animaux malades.

L’administration de médicaments aux animaux sur conseil d'autres éleveurs ou des magasins agricoles, sans qu’il n’y ait eu d’examen physique pour diagnostiquer le problème réel, devrait être fortement découragée.

Le traitement ne devrait être appliqué qu’après un examen clinique de l’animal malade, par un vétérinaire compétent et autorisé. Pendant le traitement, il faut s’assurer que l’animal reçoive toute la dose recommandée et que la période de retrait soit respectée. La période de retrait correspond au moment où le produit (lait, œuf, viande) de l’animal traité ne doit pas être consommé. Le non-respect de cette période augmente le niveau de traces d’antibiotiques détectables dans la viande, le lait et les œufs, et qui aboutissent dans la chaine alimentaire humaine.

En éliminant les pires pratiques de production agricole, comme l’usage de cages, la surpopulation animale en environnement non aménagé et mal ventilé, avec des litières malsaines et une alimentation inadéquate, les animaux seront moins stressés, donc moins vulnérables à la maladie. Ils seront moins dépendants des antibiotiques.

Truies mères en cages individuelles, incapables de bouger, de se retourner ou de sociabiliser pendant la gestation.

Notre position

Protection mondiale des animaux croit qu’un usage responsable des antibiotiques en élevage est essentiel pour combattre l’augmentation de la résistance aux antibiotiques. En établissant de meilleures politiques, on favorisera de meilleures conditions de vie dans les systèmes d’élevage.

Ces systèmes doivent offrir des environnements sains et de meilleurs soins de santé, pour promouvoir le comportement naturel des animaux. Ils doivent aussi adopter de meilleures pratiques de gestion, d’hygiène, de salubrité et de vaccination préventive.

Les antibiotiques ne devraient jamais servir à favoriser la croissance ni être utilisés sur une base régulière pour qu’il soit possible d’élever les animaux dans les pires conditions.

Nous nous inquiétons du manque général de règlementation sur les antibiotiques en production animale et en médecine vétérinaire. La profession vétérinaire a un rôle à jouer pour veiller à ce que les antibiotiques soient utilisés de façon responsable et dans le respect des directives internationales afin de préserver la santé et le bien-être des animaux.

Nous incitons les gouvernements, l’industrie agricole et les divers secteurs de la société, notamment les éleveurs et les vétérinaires, à bien veiller à la santé et au bien-être des animaux. C’est ainsi que nous améliorerons la production, la qualité des produits et la salubrité alimentaire, tout en améliorant notre propre sécurité alimentaire et nos sources de revenus.

Poulet (à griller) de 28 jours dans un élevage à système intérieur

Ce que vous pouvez faire

En prenant des décisions éclairées à l’épicerie vous pouvez améliorer la vie des animaux d’élevage Demandez votre Guide d’achat sans cruauté (en anglais) pour mieux comprendre: