Antibiotics in animal feed

Rapport : La surconsommation d’antibiotiques chez les animaux d’élevage est une conséquence du manque de bien-être des animaux

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La résistance aux antibiotiques est un problème mondial grave, et son lien avec le bien-être des animaux d’élevage est de plus en plus reconnu.

Notre dernier rapport, intitulé « Reducing Antibiotic Use in Farming Through Improvements to Animal Welfare » (Réduire l’utilisation d’antibiotiques chez les animaux d’élevage en améliorant leur bien-être) met en lumière cette question cruciale en soulignant l’utilisation excessive d’antibiotiques dans l’élevage intensif, et les possibilités d’améliorer les pratiques de gestion des animaux qui permettraient de réduire l’administration d’antibiotiques.  

Les antibiotiques sont essentiels pour traiter les maladies bactériennes chez les animaux utilisés dans la production alimentaire. Toutefois, leur utilisation généralisée en tant que mesure préventive plutôt que pour traiter les animaux malades est devenue une pratique courante dans les systèmes d’élevage intensif.  

Ces systèmes intensifs privilégient la production et l’efficacité au détriment de la santé et du bien-être des animaux. Les animaux sont logés dans des conditions stériles et de surpopulation, ce qui entraîne du stress, une immunodépression et une plus grande vulnérabilité aux maladies et aux infections. L’utilisation d’antibiotiques à titre préventif (prophylactique) permet de garder ces animaux dans de piètres conditions sans qu’ils tombent malades. On a également constaté que certains antibiotiques amélioraient l’efficacité de l’alimentation et favorisaient la croissance et le gain de poids, ce qui a entraîné une augmentation de leur surutilisation. 

Il s’agit non seulement d’une question de bien-être animal, mais aussi d’une situation préoccupante pour la santé humaine. Cette utilisation excessive d’antibiotiques contribue à l’augmentation de bactéries résistantes aux antibiotiques, aussi appelées « superbactéries », qui constituent une menace importante pour la santé publique. 

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a désigné la résistance aux antimicrobiens (RAM) comme l’une des dix principales menaces pour la santé publique et a estimé que près de cinq millions de décès humains étaient associés à la RAM pour la seule année 2019.  

En raison de l’inquiétude croissante suscitée par la RAM, certains gouvernements ont adopté des réglementations visant à restreindre l’utilisation de ces produits chez les animaux d’élevage. En 2022, l’utilisation d’antibiotiques comme mesure de prévention chez les animaux d’élevage a été interdite dans toute l’Europe. Mais qu’a fait le Canada pour s’attaquer à cette crise de santé publique? 

Le contexte canadien : mesures et lacunes 

Le Canada autorise toujours l’utilisation régulière d’antibiotiques prophylactiques et d’autres antibiotiques pour stimuler la croissance. En réalité, en 2018, par rapport à 31 autres pays, le Canada s’est classé au 6e rang des pays distribuant la plus grande quantité d’antimicrobiens destinés à être utilisés chez les animaux. 

Le Canada a reconnu l’importance de la résistance aux antibiotiques et a mis en œuvre plusieurs initiatives pour la combattre. Elles ont notamment pris la forme de systèmes de surveillance permettant de suivre l’utilisation et la résistance relatives aux antimicrobiens chez les animaux, ainsi que de réglementations visant à limiter la vente et l’utilisation d’antibiotiques importants sur le plan médical sans ordonnance vétérinaire.  

Toutefois, depuis que le gouvernement fédéral a publié son plan d’action national en 2014, aucun engagement n’a été pris pour financer ou mettre en œuvre la plupart des recommandations. Ce plan doit être mis à jour pour inclure des restrictions obligatoires, des rapports sur l’utilisation des antibiotiques dans les exploitations agricoles et des mesures visant à contrôler et à sanctionner les personnes qui font un usage abusif des antibiotiques.  

Nous devons également nous attaquer à la cause première qui mène à l’utilisation des antimicrobiens dans les exploitations agricoles du Canada, à savoir les mauvaises conditions de logement des animaux, le mélange courant d’animaux de différentes provenances et les pratiques de gestion non conformes aux normes. 

Rapport : La consommation d’antibiotiques comme conséquence du manque de bien-être des animaux 

Notre rapport met en évidence l’interdépendance entre le manque de bien-être des animaux et la surutilisation d’antibiotiques dans les exploitations agricoles. 

Les conditions d’élevage non naturelles et stressantes nécessitent souvent l’utilisation d’antibiotiques pour compenser ces piètres conditions de vie qui peuvent entraîner des problèmes de santé chez les animaux. En améliorant les pratiques en matière de bien-être animal et en réduisant leur niveau de stress, les exploitations agricoles peuvent réduire la nécessité d’administrer des antibiotiques.  

Par exemple : 

  • Au lieu d’administrer des antibiotiques aux vaches laitières pour prévenir des maladies telles que la mammite, d’autres pratiques telles que le nettoyage fréquent du sol, une meilleure hygiène de traite, l’utilisation d’une litière de sable et de paille, une fin de lactation progressive plutôt que brutale et une augmentation de la taille des stalles pourraient contribuer à réduire fortement la nécessité d’administrer des antibiotiques.  
  • Pour les porcs, des pratiques simples telles que l’utilisation d’enrichissements (paille et objets nouveaux) et la réduction du nombre de porcs entassés dans une stalle pourraient prévenir l’apparition de maladies et réduire le besoin associé à la surconsommation d’antibiotiques.  

Dans l’ensemble, l’amélioration des conditions de vie des animaux contribuera à prévenir les maladies et à réduire le besoin associé à l’utilisation excessive d’antibiotiques.  

Les antibiotiques ont leur place dans l’agriculture animale comme dans la médecine humaine. Si les animaux sont malades, ils doivent être traités avec des antibiotiques pour préserver leur santé et leur bien-être. L’utilisation abusive des antibiotiques, en revanche, est une situation préoccupante.  

Lire le résumé (En anglais seulement)

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Solutions : il est nécessaire de mettre en place des mesures urgentes 

Les systèmes d’élevage intensif qui compromettent la santé et le bien-être des animaux sont motivés par la demande croissante de produits animaux bon marché. Pour répondre aux préoccupations relatives au bien-être des animaux et à l’utilisation excessive d’antibiotiques, nous devons adopter un régime alimentaire privilégiant les produits d’origine végétale. La réduction du nombre d’animaux permet d’élever les animaux sans cruauté en leur offrant plus d’espace et des conditions de vie plus naturelles. 

Outre les changements de régime alimentaire, il est essentiel de surveiller et de suivre l’utilisation des antimicrobiens dans les exploitations agricoles. Cette démarche nous aiderait à comprendre comment et pourquoi les antimicrobiens sont utilisés et nous permettrait de cibler les efforts pour en réduire l’utilisation et prévenir la résistance aux antibiotiques. 

L’amélioration des pratiques actuelles en matière de logement et de gestion des animaux fait partie de ces efforts. La modification des pratiques d’élevage pourrait contribuer à améliorer la santé des animaux, répondre à leurs besoins comportementaux, réduire le stress et les maladies, renforcer l’immunité et, en fin de compte, réduire l’utilisation des antimicrobiens. 

Enfin, les associations sectorielles et les autorités gouvernementales doivent adopter et appliquer des réglementations et des politiques plus strictes pour protéger le bien-être des animaux et réduire l’utilisation des antibiotiques. 

Lire le rapport pour consulter la liste complète des recommandations

Les conséquences de la RAM pour la santé humaine sont désastreuses.  

Nous devons collaborer avec nos exploitations agricoles pour adopter des pratiques plus respectueuses du bien-être qui favorisent la réduction de la consommation d’antibiotiques et interdisent l’utilisation prophylactique des antibiotiques dans l’élevage. 

Nous devons mettre fin aux pratiques d’élevage intensif qui privilégient la production et l’efficacité au détriment de la santé et du bien-être des animaux et qui mettent également en péril la santé humaine. 

75 % des antibiotiques utilisés dans le monde sont administrés aux animaux d’élevage.