Conseils d’un photographe animalier reconnu mondialement
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Conseils d’un photographe animalier reconnu mondialement
En 2015, Don Gutosky, un médecin canadien de London, en Ontario, était nommé « Photographe animalier de l’année » par le Natural History Museum de Londres, en Angleterre. Pour faire sa célèbre photo, "A Tale of Two Foxes" (l’histoire de deux renards), il a dû passer 3 heures à -30°C avant de capturer le moment parfait.
Don s’est développé une passion pour la photo à un très jeune âge, en observant la faune locale à travers ses lentilles. Depuis, il a parcouru le monde, du Nord canadien aux jungles de l’Inde, immortalisant la splendeur de la faune sauvage dans son habitat naturel et partageant ses photos avec le monde entier.
Vu ses années d’expérience comme photographe d’animaux sauvages, nous lui avons demandé de partager quelques trucs avec les aspirants-photographes animaliers. Voici ses conseils…
Truc #1 : Faites vos devoirs avant de partir
Si vous savez quelle espèce vous cherchez, faites un peu de recherche pour vous familiariser avec son habitat, son comportement et la façon dont il change au gré des saisons. Bien qu’on ne puisse jamais se préparer à toutes les éventualités, de solides connaissances permettent de tirer le maximum de chaque situation.
Vous voulez voir des ours polaires? Je vous suggère Chruchill, au Manitoba. L’ours polaire se sert de la glace comme plateforme pour chasser. Comme les terres de Churchill s'étendent dans la baie d'Hudson, c’est là que la glace commence à se former et que les ours polaires se rassemblent pour entamer leur saison de chasse.
Vous voulez voir des éléphants en Afrique? Allez-y pendant la saison de sècheresse, c’est le moment où les éléphants se rassemblent autour des cours d’eau. Ils sont donc faciles à repérer. C’est aussi une période de l’année où ils sont très actifs. Vous aurez donc de bonnes chances d’en voir plusieurs en interaction.
Truc #2 : Élargissez vos attentes
Les animaux sauvages sont imprévisibles. Même avec la meilleure recherche, on ne peut jamais prévoir avec certitude ce qu’ils feront et l’impact qu’auront les évènements sur leurs déplacements et leur comportement.
J’ai récemment planifié un safari au Botswana pour aller observer des chiens sauvages africains, un de mes sujets préférés. Le meilleur moment pour les voir, c’est quand ils sont dans leur tanière (de juillet à septembre). Si vous trouvez une tanière pendant ces mois, vous verrez probablement des chiens tous les jours. Personnellement, je connaissais deux tanières dans la région où j’allais.
Par manque de chance, la semaine avant notre arrivée, des lions et des hyènes étaient allés visiter mes deux tanières et avaient fait fuir les chiens. J’ai eu beau les chercher, je n’ai jamais pu les voir de toute l’expédition. Par contre, j’ai eu la chance de voir des léopards, des guépards et des lions comme jamais auparavant. Ce voyage s’est avéré mon meilleur safari photo au Botswana. Je suis rentré chez moi comblé de belles photos.
Au fil des ans, j’ai appris à garder ma souplesse et mon optimisme, et à composer avec la situation. On y gagne toujours quelque chose.
Truc #3 : N’interférez pas avec les animaux
On devrait toujours observer la faune sauvage dans son habitat naturel. Je n’ai jamais fait de bonnes photos avec un animal appâté ou apprivoisé. C’est quand les animaux se comportent naturellement que les scènes sont les plus spectaculaires.
Deux lions qui jouent ensemble.
Aussi, le tourisme responsable permet de financer les économies locales et la conservation des espèces. Par contre, les touristes qui interfèrent avec le comportement des animaux ne peuvent que leur nuire.
Le fait d’appâter un animal sauvage est peu sécuritaire et l’encourage à s’approcher des humains. Quand un animal appâté menace les humains, il s’ensuit un conflit où l’animal finit perdant.
C’est souvent le cas avec les ours dans la plupart des régions du Canada. Quand on les appâte ou qu’ils entrent dans une zone où se trouve de la nourriture, ils deviennent plus agressifs envers les humains et finissent souvent par se faire abattre. Quand j’étais jeune et qu’on traversait le parc Algonquin en famille, on voyait des gens nourrir les animaux. Il y a un proverbe qui dit : nourrir un ours, c’est le tuer.
Truc #4 : Assurez-vous d’avoir un voyagiste qui répond aux normes de sécurité et de bien-être les plus élevées
Le fait d’avoir un guide peut améliorer votre expérience et est même une nécessité dans certains pays.
Bien des gens vont en Afrique pour voir les animaux sauvages chasser. Ils font souvent l’erreur de chercher à s’en approcher de trop près et dérangent l’animal en pleine chasse. Un bon guide devrait savoir jusqu’à quelle distance s’approcher d’un animal, combien de temps l’observer et comment le suivre sans le déranger.
Les meilleurs voyagistes agissent de façon responsable et prennent soin de la faune. Ils veulent vous permettre d’observer les animaux en toute sécurité, mais aussi préserver ces espèces pour les prochaines générations de touristes.
Recherchez différents voyagistes. Certaines entreprises sont bien établies et ont bonne réputation. Elles peuvent offrir des voyages partout au monde. Si vous les appréciez, restez-leur fidèle en choisissant vos types d’endroits et d’expériences. Parfois, il suffit de trouver une personne expérimentée ou un groupe local et de commencer votre recherche à partir de là. Assurez-vous qu’ils ont bonne réputation et qu'ils respectent les normes les plus élevées. La plupart des voyagistes responsables affichent leur politique envers les animaux sur leur site web.
Truc #5 : N’oubliez pas l’arrière-plan
Vous voulez d’abord cadrer votre sujet, mais pensez ensuite à l’arrière-plan.
Où se trouve le soleil? Qu’y a-t-il derrière l’animal? Pouvez-vous modifier la scène à votre avantage? Cherchez la lumière ou l’obscurité derrière votre sujet. Évitez les objets qui entrent en compétition avec ce dernier.
Les différentes approches de votre sujet peuvent radicalement changer une photo.
Truc #6 : Pensez mobilité
Les trépieds stabilisent l’appareil photo et en supportent le poids. Ils sont parfaits si vous êtes assis immobile, et que vous vous attendez à ce que l’animal se tienne quelque part devant vous.
Or, les trépieds sont lourds et longs à installer, à stabiliser et à positionner. Il est facile de rater ainsi une belle photo. i Si vous êtes à pied ou que vous roulez, comme lors d'un safari ou d'une promenade en forêt, il est bon de pouvoir rester flexible et mobile.
Le fait de pouvoir agir rapidement (comme cadrer et photographier un animal en pleine course) vous donnera de meilleurs résultats qu’avec un trépied.
Le guépard qui chasse à pleine vitesse (110 km/h) surgit très vite dans votre champ de vision. Quand il traque sa proie, il passe à l’attaque en un instant. Pour capturer ce moment, vous devez pouvoir cadrer votre sujet et le suivre dans sa course.
Les équipements modernes vous permettent d’avoir une vitesse d’obturation assez grande pour y parvenir. Dans la plupart des cas, il suffit d’avoir une caméra portative et un téléobjectif.
Un autre outil pratique, le sac de grain (beanbag) ou le bout de tissu permet de créer une assise où poser l'appareil photo et vous libère d’un poids inutile. Cela peut vous ralentir, mais c’est une option plus rapide que le trépied.
Truc #7 : Connaissez bien votre équipement
Assurez-vous de régler votre appareil de façon à obtenir le meilleur résultat possible.
L’arrêt sur image, le flou d'arrière-plan et la juste exposition du sujet sont des techniques que les réglages de votre appareil vous permettent de réaliser. Vous devez comprendre ce que fait chaque réglage de votre appareil et comment il affecte l’image que vous tentez d’obtenir.
Il n’y a pas si longtemps, j’aurais été incapable de prendre cette photo sous un éclairage aussi faible. Il y avait plusieurs personnes présentes, mais la plupart ont cru qu’il faisait trop sombre et n’ont pas même essayé. Avec les bons réglages, j’ai réussi à faire une image intéressante.
Des images sans cruauté
Comme Don, nous croyons que la faune devrait rester à l’état sauvage. Nous avons récemment publié un rapport qui étudie le problème croissant des animaux capturés à l’état sauvage pour servir d’accessoires photo aux touristes. Derrière des photos d’apparence anodines se cache souvent une grande cruauté.
Si un animal n’est pas dans son habitat naturel, s’il a été attiré avec de la nourriture ou qu’il est retenu d’une quelconque manière, ne le prenez pas en photo.
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Toutes les photos ont été prises par et appartiennent à Don Gutoski.