Le bien-être négligé des vaches laitières de réforme : prise en compte de la réalité tragique vécue par ces animaux en fin de vie au Canada
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Des problèmes de santé douloureux au transport sur de longues distances en passant par le manque de soins, notre nouveau rapport met en lumière les questions, souvent ignorées, liées au bien-être des vaches laitières de réforme au Canada. Ce dernier propose des recommandations clés pour améliorer le bien-être de ces vaches et prône une approche multipartite pour remédier aux échecs systémiques qui perpétuent la souffrance animale.
Le tout dernier rapport rédigé par la Protection mondiale des animaux, Milking the cow: the fate of Canadian cull dairy cows (disponible uniquement en anglais), souligne le mauvais état de santé fréquent des vaches laitières de réforme et la souffrance qu’elles endurent régulièrement.
Le bien-être négligé des vaches laitières de réforme
Les vaches laitières de réforme sont des animaux qui sont enlevés du troupeau laitier et envoyés à l’abattoir en raison de problèmes de santé ou de reproduction, ou d’une diminution de leur production de lait. Mais ce qu’elles deviennent avant d’atteindre leur destination funeste est une triste réalité passée sous silence.
Beaucoup de vaches laitières de réforme souffrent de blessures et de problèmes de santé douloureux qui compromettent leur bien-être, comme la boiterie, une maladie générale, la mastite ou des blessures au niveau des pis et des trayons. Et même si les éleveurs et les éleveuses doivent évaluer l’aptitude au transport des animaux avant leur expédition, de nombreuses vaches fragilisées sont encore envoyées à l’abattoir.
Les rapports d’inspection, émis par l’Agence canadienne d’inspection des aliments, révèlent que 24 % des véhicules inspectés, un pourcentage scandaleux, transportent des vaches laitières de réforme présentant des signes de mal-être, y compris des animaux abattus, boiteux et émaciés. Ces derniers sont généralement envoyés sur des lieux d’enchères pour être vendus avant d’être transportés sur de grandes distances jusqu’à l’abattoir, endurant ainsi parfois de longs trajets à travers les États-Unis jusqu’aux usines d’abattage.
Lors de ces ventes aux enchères, les vaches laitières de réforme peuvent se languir pendant plusieurs jours, tout en étant privées ou ayant accès à peu de nourriture et d’eau, ou bien encore sans être traites. Cela est susceptible d’entraîner un engorgement douloureux des pis, empirant une situation déjà difficile.
Le transport est un moment angoissant pour tous les animaux de la ferme, mais les vaches laitières de réforme sont particulièrement vulnérables. Leur bien-être se détériore fréquemment entre le moment du départ de la ferme et celui de leur arrivée à l’usine d’abattage, un laps de temps qui peut atteindre de sept à dix jours dans certains cas. Des chercheurs et des chercheuses à l’Université de la Colombie-Britannique ont établi que les vaches passaient, en moyenne, 82 heures, soit environ 3 jours et demi, dans le système avant d’être abattues.
Pour ces animaux fragiles, ce voyage est à la fois long et épuisant avec peu d’interventions ou de soins mis en place. Il est temps de mettre en lumière le bien-être négligé des vaches laitières de réforme et d’œuvrer pour exiger un meilleur traitement de ces animaux vulnérables.
L’industrie, les producteurs et productrices, les transformateurs, le gouvernement et les acheteurs et acheteuses, c’est-à-dire le système, abandonnent les vaches laitières de réforme.
Une vache laitière de réforme émaciée saigne abondamment des naseaux tandis qu’elle se tient dans le parc d’attente lors d’une vente de bovins aux enchères dans la province du Québec, au Canada. Plusieurs autres vaches laitières partagent son enclos. Toutes présentent une condition physique similaire. (Photo : Existence / We Animals Media)
Des efforts déployés pour améliorer le bien-être des vaches laitières de réforme au Canada
Lorsqu’elles ne sont plus utiles à l’industrie laitière, les vaches laitières de réforme sont généralement abattues pour leur viande. Alors que le système actuel néglige ces animaux, des gens compatissants mettent tout en œuvre pour améliorer leur sort.
L’organisme Santé animale Canada (SAC) a organisé une consultation d’experts et d’expertes en 2017, lesquels ont déterminé les facteurs qui contribuent à une diminution du bien-être chez ces animaux. Ces experts et expertes ont également proposé des recommandations pour améliorer les conditions de ceux-ci au Canada.
Des recherches menées par l’Université de Guelph, l’Université de la Colombie-Britannique, ainsi que par d’autres institutions, ont aussi favorisé une plus grande sensibilisation aux facteurs de risque impactant le bien-être des vaches de réforme. Ces découvertes ont conduit à formuler des exigences plus fortes dans le cadre du projet de révision du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers du Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage (CNSAE). Elles ont en outre débouché sur l’élaboration de ressources éducatives par l’organisme Les Producteurs laitiers du Canada afin d’aider les producteurs et productrices à mieux comprendre le système de commercialisation des vaches de réforme et les bénéfices économiques à retirer en abattant des vaches en bonne forme et en bonne santé.
Les recommandations clés pour améliorer le bien-être des vaches laitières de réforme
Pour veiller au bien-être des vaches laitières de réforme au Canada, un renforcement et une harmonisation des règles et des réglementations privilégiant le bien-être animal sont nécessaires. Favoriser les abattoirs locaux et raccourcir les temps de transport des vaches de réforme est également primordial, offrant ainsi d’autres options pour les animaux fragilisés, comme l’abattage d’urgence à la ferme, des désignations pour un transport direct à l’abattoir et des abattoirs mobiles. De même, l’euthanasie devrait être encouragée comme étant une option acceptable et viable pour les vaches de réforme. Les producteurs et productrices et le personnel des ventes aux enchères devraient par conséquent disposer des outils et de la formation indispensables à la pratique de l’euthanasie.
En mettant en application, entre autres, ces recommandations, le bien-être des vaches laitières de réforme est susceptible de s’améliorer significativement. Ces animaux peuvent ainsi être traités avec le respect et le soin qu’ils méritent au cours de leurs derniers jours.
L’industrie, les producteurs et productrices, les transformateurs, le gouvernement et les acheteurs et acheteuses – tout le monde doit prendre part à la solution
L’amélioration du bien-être des vaches laitières de réforme exige une approche multipartite.
Toutes les parties prenantes de la chaîne d’approvisionnement, notamment l’industrie laitière, les producteurs et productrices de lait, le gouvernement, les transformateurs et les acheteurs et acheteuses de viande provenant de vaches de réforme (par exemple, les établissements de restauration rapide) doivent jouer un rôle actif dans l’amélioration du bien-être de ces animaux.
L’organisme Protection mondiale des animaux préconise l’adoption et le renforcement de mesures dans les domaines suivants :
- Les réglementations et les normes, y compris la mise en application
- Les initiatives pédagogiques
- L’abattage localisé et à la ferme, ainsi que les options d’euthanasie
- Les programmes d’incitation et de dissuasion
- L’implication et la responsabilité accrues du secteur privé
- L’amélioration des pratiques de gestion à la ferme
Consultez la page 21 du rapport pour en savoir plus sur les recommandations.
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En réduisant le nombre de fermes-usines au Canada, nous permettrons à davantage d’animaux de s’épanouir et de mener la vie heureuse et naturelle qu’ils méritent.
Banner photo : Julie LP / We Animals Media