Technologie portable au service des animaux

21/01/2016

Spécialiste en bien-être animal pour Protection mondiale des animaux, Priya Motupalli, explique comment la technologie permet de surveiller les animaux d’élevage et d’améliorer leur santé

Dans un monde en constante évolution, la technologie qui a fait progresser plusieurs aspects de nos vies est devenue une nécessité dans bien des cas. La spécialiste en bien-être animal pour Protection mondiale des animaux, Priya Motupalli, explique l’impact de la technologie sur les vaches et les poules, et la façon dont elle peut améliorer leur sort.

Priya Motupalli

Cette semaine, j’ai entendu parler de démangeaisons dues au Fitbit. Oui, oui, c’est bien réel. Les gens abandonnent leurs podomètres dernier cri (avec leurs résolutions de l’année) parce qu’ils provoquent des réactions cutanées. Mais ces consommateurs peuvent se consoler (ou se gaver de gâteau) : même si le podomètre ne leur sert plus, les chercheurs en bien-être animal lui ont trouvé un nouvel usage!

Nous utilisons une méthode similaire (combinée à un accéléromètre qui mesure les changements de vélocité) pour surveiller le comportement des vaches laitières assises, debout et en marche. Elles le portent à la patte arrière, comme un bracelet. Avertissement : bien qu’elles portent des dispositifs similaires au FitBit ces dames n’ont pas développé d’irritation!



Accéléromètre : détecte les variations de force g pour déterminer si un animal est couché, debout ou en mouvement



En voilà une qui fait la fraiche avec ses deux bracelets! Un podomètre ET un accéléromètre (c’est un peu exagéré, non?)

En suivant ces comportements, on peut détecter les maladies, optimiser la production et savoir comment se porte une vache de façon générale. Plus particulièrement, la posture couchée est cruciale pour une vache laitière, car elle met beaucoup d’efforts à produire son lait, et le fait de pouvoir détecter les changements dans cette posture nous aide à optimiser son bien-être. On pourrait le faire sans cette technologie? Bien sûr! Les agriculteurs et les chercheurs le font à l’ancienne depuis longtemps. Mais, comme vous vous en doutez, c’est très long et les vaches ne veulent pas toujours nous avoir dans les pattes. Ça permet de recueillir une quantité incroyable d’information, sans avoir à passer des jours à regarder une vache, en essayant de ne pas tomber endormi, face première dans la bouse.

Parfois, ce sont les choses banales qui viennent nous empêcher d’observer les animaux. Par exemple, la vision : quand une vache décide de disparaitre derrière un muret ou qu’il fait trop noir pour l’observer dehors; quand la vache commence à s’intéresser à votre présence et change de comportement, ce qui fausse les résultats de tout ce long travail. Il peut alors s’avérer vraiment utile d’avoir cette technologie tout près pour vous faciliter la tâche.

Vue de si près, une génisse peut sérieusement affecter vos chances d’obtenir des données fiables! 



En voilà une bien timide!

Banerjee et coll., 2014

La technologie ne se limite pas à l’amélioration du bien-être de la vache. Les chercheurs de l’université de l’État du Michigan et de l’Université norvégienne des sciences de la vie élaborent des capteurs corporels pour détecter la force de saut et d’atterrissage des poules pondeuses.  



Banerjee et coll., 2014

Comme l’industrie américaine des œufs délaissera les cages au cours des dix prochaines années, il importe de concevoir des poulaillers favorisant le bien-être des poules. L’une des caractéristiques associées aux poulaillers sans cages, et qu'on ne voit jamais dans une cage, c'est le perchoir. Le perchoir fait toute la différence! Il améliore la solidité des os des poules et leur permet d’adopter un comportement naturel à la ponte ou de s’isoler quand elles n’ont pas particulièrement envie d’être sociables.



Cette poule est une professionnelle du perchoir!

En revanche, dans les poulaillers sans cages actuels, l’espace vertical est mieux utilisé et comporte plusieurs niveaux : les perchoirs y sont installés à différentes hauteurs dans les unités. L’avantage, c’est que les poules aiment utiliser l’espace vertical et se percher en hauteur. Le hic, c’est qu’elles augmentent leur risque d’atterrissage raté ou d’impact en passant d’un niveau à l’autre, ce qui peut entrainer des fractures du bréchet (os du sternum).

On détecte généralement une fracture ou une déviation du bréchet en le palpant. Les « bilans de santé », comme vous me voyez en faire dans cette image, sont toujours un bon prétexte pour cajoler une poule! Crédit photo : Penny Sawyer, directrice de recherche, Agriculture éthique et durable (HSA), Protection mondiale des animaux

Le fait de pouvoir détecter la force de saut et d’atterrissage (ce qui serait difficile sans le petit gadget) nous aide à mieux comprendre : a) comment la poule se déplace dans son environnement; et b) si ces mouvements peuvent entrainer des blessures, et de quelle façon. Ces blessures peuvent résulter de la force du saut, d’un atterrissage raté ou d’autres facteurs. En le comprenant, il est possible de modifier le poulailler (comme établir les bonnes hauteurs de perchoir) pour minimiser ces blessures.  



Photo credit: Penny Sawyer, World Animal Protection

En bref :

La technologie peut être vraiment utile!

  • Elle peut permettre aux agriculteurs et scientifiques de surveiller les changements de comportement d’un animal, ce qui peut affecter son bien-être et donc sa production
  • Elle peut aider les chercheurs à comprendre comment l’animal perçoit et utilise son environnement
  • Elle peut nous aider à mieux concevoir et gérer les bâtiments des animaux
  • Une foule de bonnes choses pour le bien-être des animaux!

* À moins d’indication contraire, toutes les photos sont de Priya Motupalli

Priya Motupalli est chercheuse spécialiste du bien-être animal chez Protection mondiale des animaux. Elle nous conseille sur le bien-être des animaux et les meilleures pratiques en agriculture, dans une approche fondée sur la preuve. Avant de travailler avec nous, Priya obtenait son doctorat en comportement et bien-être animal appliqués, de la Harper Adams University, au Royaume-Uni. Ses travaux de recherche portent sur la préférence des vaches laitières pour les pâturages, et sur le bien-être et la productivité des animaux d’élevage quand ils peuvent eux-mêmes contrôler leur environnement. En plus d’avoir publié ses propres articles scientifiques, elle s’est vu mentionnée dans le magazine Meat Management pour son excellence en communications scientifiques, et la revue Scientific American l’a invitée à écrire dans un blogue de son réseau.

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