
Nous avons porté le bien-être animal à l’ordre du jour de la COP15
Des membres ayant pour mandat de représenter Protection mondiale des animaux ont assisté à la COP15 qui s’est tenue à Montréal ce mois-ci et ont porté le bien-être des animaux à l’ordre du jour de la plus grande conférence au monde consacrée à la protection de la nature.
Par Melissa Matlow, directrice de campagne
Qu’est-ce que la COP15?
Peut-être avez-vous entendu parler de la COP27, la grande Conférence de l’Organisation des Nations Unies (ONU) axée sur les changements climatiques. Tout aussi importante, la COP15, elle, se consacre à la biodiversité. Elle représente la 15e Conférence des Parties (COP) à la Convention de l’Organisation des Nations Unies sur la diversité biologique.
Notre équipe s’est jointe à près de 20 000 personnes déléguées en provenance de plus de 190 pays pour discuter de la crise de la biodiversité et des moyens de la résoudre. Nous avons observé les groupes de négociation débattre du libellé de 23 projets d’objectifs mondiaux visant à protéger la nature dans le cadre d’un nouvel accord appelé « Cadre mondial de Kunming-Montréal pour la biodiversité ». Ce cadre est en fait une feuille de route de 10 ans qui vise à stopper et à inverser la perte de biodiversité à l’échelle mondiale, et qui exige de tous les pays signataires qu’ils atteignent les objectifs mondiaux et fassent état de leurs progrès.
Qu’avons-nous fait là-bas?
Notre organisation a eu l’honneur d’être invitée à se joindre à la délégation canadienne à l’occasion de cette Conférence, ce qui nous a permis de faire part de nos réflexions sur la position du Canada. Un membre s’est également joint à nous en tant qu’observateur, ce qui nous a permis de défendre nos intérêts depuis l’extérieur. En tant qu’observatrice officielle, notre organisation a pu soumettre officiellement sa position et ses recommandations à tous les pays.
Nous avons également rencontré les délégations de plusieurs pays et les avons exhortées à reconnaître l’importance de la protection du bien-être animal pour préserver la biodiversité et la santé publique. Nous les avons encouragées à soutenir des objectifs plus stricts afin de mettre un terme au commerce des espèces sauvages, qui est à l’origine de l’extinction des espèces, de la perte de biodiversité, de la cruauté envers les animaux et du risque de pandémie.

De gauche à droite, Christine Smith-Martin, directrice générale de Coastal First Nations; Francine Pauvif, Melissa Matlow et Michèle Hamers, Protection mondiale des animaux; Marty McKendry, conseiller principal du sénateur Marty Klyne; et Alison Cuffley, responsable des relations avec les Autochtones au sein du Jane Goodall Institute.
Pourquoi le bien-être animal?
S’il peut nous sembler évident d’inclure le bien-être animal dans le cadre mondial de la biodiversité, il s’agissait d’un concept nouveau pour certaines délégations. Nous les avons informées que certains des principaux facteurs de perte de biodiversité et de risque de pandémie, notamment l’élevage industriel et le commerce des espèces sauvages, sont des systèmes industriels qui exploitent les animaux en leur offrant des conditions de bien-être médiocres. Par conséquent, l’amélioration du bien-être animal constitue une solution importante pour transformer ces systèmes et faire progresser simultanément la protection de la biodiversité et la santé des personnes, des animaux et de la planète.
Nous avons senti l’émotion nous gagner en voyant des délégations rappeler la raison pour laquelle nous portons un masque et s’exprimer en faveur de la nécessité de restreindre le commerce des espèces sauvages pour prévenir les risques de maladie, et pas seulement la perte de biodiversité. Nous avons acclamé d’autres délégations lorsqu’elles ont insisté sur l’importance de se concentrer sur tous les animaux sauvages, et pas seulement sur ceux qui sont au bord de l’extinction, et nous avons applaudi vigoureusement les groupes de négociation ayant souligné la nécessité de s’attaquer au commerce légal d’espèces sauvages, qui n’est pas réglementé de manière adéquate ni durable et qui comporte les mêmes risques sur le plan des maladies et du bien-être animal. Notre message est passé.
Nous avons soulevé l’importance du bien-être animal sur la scène du Pavillon du Canada.
Nous avons eu le plaisir de faire partie des centaines d’organisations sélectionnées pour tenir un événement lors de cette importante Conférence de l’ONU. Il s’agissait peut-être du premier événement axé sur le bien-être animal organisé dans le cadre la Convention sur la biodiversité.
Nous avons également eu la fierté de démontrer que les valeurs de Protection mondiale des animaux concordent avec celles des responsables et des jeunes Autochtones et qu’elles permettent d’amplifier la voix de ces groupes traditionnellement sous-représentés.
Regardez les présentations authentiques de nos incroyables conférenciers et conférencières, le sénateur Marty Klyne et Marty McKendry, son conseiller principal, Christine Smith-Martin, directrice générale de Coastal First Nations, Alison Cuffley, responsable des relations avec les Autochtones au sein du Jane Goodall Institute, Francine Pauvif, cofondatrice du Canadian Youth Biodiversity Network, et notre chère Michèle Hamers :
Conclusion d’un accord historique
Vers 3 h 30 du matin, le 19 décembre, le ministre chinois de l’Environnement a officiellement déclaré qu’un accord avait été conclu en vue d’établir un nouveau cadre mondial après près de deux semaines de négociations.
Bien que le libellé de l’accord final n’ait pas été aussi clair, fort et ambitieux que nous l’espérions, compte tenu du nombre de débats échangés autour des reformulations et de l’importance des modifications apportées au texte de départ, le fait que les pays soient parvenus à une entente relève du miracle, et nous avons eu le soulagement de constater que le texte final est beaucoup plus fort que celui de départ. Nous avons exhorté les groupes de négociation à reconnaître l’importance de l’approche « Une seule santé » et le rôle du commerce des espèces sauvages dans le risque de pandémie, et l’accord final permet de le faire.
Bien qu’il reste encore beaucoup à faire pour protéger la biodiversité partout dans le monde, le fait que toutes les nations se soient entendues pour protéger un tiers des terres, des eaux intérieures et des océans du monde en 8 ans, tout en reconnaissant l’importance du leadership des peuples autochtones et des collectivités locales pour y parvenir, constitue une étape historique.
Nous poursuivrons nos efforts en 2023 pour veiller à ce que le Canada respecte ses obligations internationales à l’égard du nouvel accord sur la biodiversité et pour démontrer l’importance du bien-être animal dans l’atteinte des nouveaux objectifs mondiaux en matière de biodiversité.
Nous continuerons également d’exhorter le Canada à adopter la Loi de Jane Goodall (qui vise à mettre un terme à l’élevage, au commerce et à l’exploitation de plus de 800 espèces sauvages à des fins de divertissement et de vente en tant qu’animaux de compagnie exotiques), ainsi que la Loi sur la prévention et la préparation en matière de pandémie (qui oblige le ministre de la Santé à mettre en place des mesures pour lutter contre le commerce des espèces sauvages et d’autres activités qui augmentent le risque de pandémie). Ces deux textes de loi aideront le Canada à respecter ses obligations internationales tout en protégeant la biodiversité, le bien-être des animaux et la santé publique.
Le saviez-vous? Le Canada a été le premier pays industrialisé à ratifier la Convention sur la biodiversité en décembre 1992 à l’occasion du Sommet Planète Terre de Rio, au Brésil. Il a par ailleurs accueilli le Secrétariat de la Convention à Montréal. Le Canada a annoncé en juin qu’il serait l’hôte de la 15e Conférence des Parties à Montréal et que la Chine continuerait à présider les réunions. La Conférence devait initialement se tenir à Kunming, en Chine, en 2020, mais elle a été retardée à plusieurs reprises en raison de la COVID-19.