Mise à jour du code de pratiques canadien pour le soin des vaches laitières

Par Lynn Kavanagh, notre responsable de la campagne agricole

En mars 2023, le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage (CNSAE) a publié la version révisée du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers. Les codes de pratiques énoncent les exigences et les recommandations à l’égard des pratiques d’élevage, dont le logement, les soins, la manipulation et l’alimentation.

Au cours de la période de consultation publique, Protection mondiale des animaux et d’autres associations de défense des animaux ont commenté l’ébauche de la version révisée du Code, incitant le comité responsable de renforcer certains aspects du Code. Le code révisé comporte d’importantes améliorations importantes par rapport à la version précédente de 2009. Toutefois, certains points se révèlent insuffisants pour maximiser le bien-être des vaches et des veaux.

Voici un survol de certaines modifications apportées au Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers et de ses lacunes :

Logement des veaux

Au Canada, de nombreuses exploitations élèvent les veaux laitiers dans des logements individuels. Les veaux sont des animaux grégaires. Aussi, le logement individuel les prive de contacts sociaux, ce qui peut engendrer un stress important. Le fait de les garder en groupe présente des avantages à la fois sanitaires et psychologiques. À compter de 2031, le Code exige que les producteurs logent les veaux en paires ou en groupes. Nous saluons cette modification toutefois la date d’entrée en vigueur est très lointaine.

Un veau enchaîné à une caisse à veau pendant l’hiver au Canada. | Photo : Jo-Anne McArthur / We Animals Media

Séparation des veaux de leur mère

Dans l’industrie laitière, les veaux sont retirés de leur mère immédiatement après leur naissance (ou peu après), une pratique qui bouleverse le veau et sa mère. La séparation avant que la mère et le petit aient le temps de s’attacher demeure une question très controversée dans la production laitière. Elle n’a pas été abordée dans la version révisée du Code. Ce silence s’explique peut-être par la réticence des producteurs laitiers à mettre en œuvre une solution qui gagne à être mieux comprise (comme le sevrage progressif du veau).

Toutefois, certains producteurs mettent en œuvre un sevrage progressif du veau et une séparation graduelle de sa mère tout en continuant à recueillir le lait destiné à la consommation humaine. Five Freedoms Dairy, aux États-Unis, préconise cette pratique qui, au dire des exploitants de fermes laitières, présente des avantages à la fois pour la production et pour le bien-être animal. Même s’il s’agit d’une solution peu commune, elle est considérée comme une approche plus humaine aux yeux des consommateurs.

Logement des vaches

Le logement des vaches laitières est sans aucun doute une autre question très controversée. La stabulation entravée, cette pratique qui consiste à enchaîner les vaches à leur stalle 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 a encore cours au Canada. Le Code révisé ne prévoit aucunement l’élimination progressive des stalles entravées.

Le Code reconnaît que les vaches sont « naturellement enclines à paître dans les pâturages » et qu’un « accès régulier à des espaces extérieurs ouverts ou à des litières accumulées améliore la santé des sabots, réduit la fréquence et la gravité des blessures et peut réduire l’incidence de la claudication ». Malgré cela, la version révisée du Code n’exige pas que les vaches aient accès aux espaces extérieurs.

Toutefois, le Code recommande (sans l’exiger) que les vaches aient accès à des espaces extérieurs pendant 50 heures au cours d’une période de quatre semaines, si les conditions météorologiques le permettent. À compter du 1er avril 2027, il sera interdit d’attacher les animaux en permanence; les vaches devront bénéficier « régulièrement d’une liberté de mouvement suffisante à leur bien-être ». Ce que cette recommandation signifie en pratique reste à déterminer.

Aptitude au transport

Les vaches laitières de réforme sont des bêtes vulnérables qui sont retirées du troupeau parce que malades ou blessées et envoyées à l’abattoir. Comme l’indique notre récent rapport (en anglais seulement), de nombreuses vaches sont transportées de manière inappropriée dans un état fragilisé impropre au transport. Le Code a pris acte de ce problème et a renforcé les exigences relatives à l’évaluation de l’aptitude des bêtes au transport. Autrement dit, il faut s’assurer que les bêtes sont assez fortes pour supporter le voyage et qu’elles ne sont ni émaciées ni boiteuses.

Les recommandations contenues dans cette section visent notamment à encourager les producteurs à envisager des options d’abattage local, mobile ou d’abattage d’urgence à la ferme. Il est décevant de constater que cette exigence n’a pas été ajoutée à la nouvelle mouture du code. Il est connu que le bien-être des vaches laitières de réforme est négligé durant leur transport vers leur dernière destination.

Application des exigences du Code

La mise en œuvre des codes de pratiques du Canada est majoritairement volontaire, sans compter que leur application par la loi, la réglementation ou les sanctions est limitée. Six provinces font référence aux codes de pratiques dans leur législation anticruauté, ce qui signifie qu’ils ne seraient appliqués que si l’on suspecte la cruauté ou la négligence.

La plupart des groupements de producteurs spécialisés (comme les Producteurs laitiers du Canada) demandent à leurs membres de respecter les exigences du Code (mais non les recommandations) et disposent de programmes plus ou moins rigoureux pour veiller à leur conformité.

Voici comment vous pouvez aider

Nous nous impliquons activement auprès des acteurs du milieu pour améliorer le traitement des vaches laitières de réforme. Soyez à l’affût des dernières nouvelles pour connaître les actions que vous pouvez entreprendre pour favoriser les changements dans l’industrie de l’élevage, au gouvernement et dans les entreprises.

Lecture supplémentaire :

Source de la photo de la bannière : Jo-Anne McArthur