A gecko looking at the camera

London vient de refuser à son tour l’ouverture d’un zoo de reptiles controversé

Nouvelles

Par

Nous connaissons les nombreux risques que comporte le commerce des animaux sauvages. La population des municipalités de l’Ontario s’élève désormais aussi contre ces pratiques et passe à l’action.

La défense du bien-être des animaux connaît parfois des hauts et des bas. Vous vous attendez tantôt à des victoires, tantôt à des défaites, et de jolies surprises sont également, à certains moments, au rendez-vous.  

À la fin de l’année dernière, afin de protéger le bien-être des animaux et la santé publique et de préserver la sécurité, le conseil municipal de Toronto a voté avec consensus contre l’ouverture d’un zoo de reptiles controversé, Reptilia, dans la ville. Deux mois plus tard, la ville de St Catharines a suivi l’exemple en se prononçant à l’unanimité contre l’ouverture d’un zoo Reptilia dans un centre commercial. Le 14 février, la municipalité de London a choisi de dire « non » pour la troisième fois en huit ans à l’ouverture de ce zoo de reptiles. Ce sont d’incroyables victoires pour les animaux. Elles me donnent l’espoir et l’assurance que la science, la raison et la compassion peuvent prévaloir. 

J’œuvre maintenant depuis des années aux côtés de l’organisme canadien Zoocheck, pour un changement de paradigme en faveur d’animaux souvent exclus des conversations sur le bien-être animal.  

Les reptiles et les amphibiens sont des animaux sentients, sensibles et complexes, susceptibles de beaucoup souffrir, mais aussi de ressentir du plaisir et de la joie. Pourtant, ils sont la plupart du temps privés de protection et sont, en conséquence, surexploités. 

L’exploitation peut revêtir plusieurs formes, mais, ici au Canada, elle se manifeste généralement de deux façons :  

  1. Des reptiles élevés, transportés, vendus et gardés comme animaux de compagnie. 
  2. Des reptiles utilisés à des fins récréatives, comme par des zoos ambulants, et pour des interactions entre touristes et animaux. 

Les reptiles et les amphibiens sont dans l’incapacité de faire entendre leur stress ou de montrer leur peur à travers des expressions faciales, mais des recherches indiquent que le fait d’être manipulés, transportés et exposés peut se révéler extrêmement angoissant pour ces animaux ainsi que néfaste à leur santé et à leur bien-être. 

J’ai été dans de nombreux zoos dans ma vie. Les reptiles sont généralement détenus dans les environnements les plus défavorisés, les plus stériles et les plus artificiels qui soient. Ces conditions reposent fréquemment sur des pratiques d’élevage normalisées, sans fondement scientifique, mais relevant de croyances populaires (pratiques d’élevage à l’efficacité non prouvée, basées, par confort, sur des usages pseudoscientifiques transmis d’un animalier ou d’une animalière à l’autre). L’attention se focalise en outre sur le maintien d’un animal en vie plutôt que sur son épanouissement et sur sa bonne santé mentale et physique.  

Un anaconda dans un vivarium si petit qu’il est dans l’impossibilité de s’étendre dans toute sa longueur. Les anacondas sont bien adaptés à la vie aquatique, mais la cage vitrée dans laquelle vit ce serpent l’empêche de nager ou de manifester d’autres comportements naturels. [Photo : Michèle, 2022 at Northern Exotics]

En raison de la normalisation de ces conditions épouvantables, expliquer aux gens que ce qui est jugé comme étant normal est en fait extrêmement problématique se révèle très ardu. Parfois, une image forte ou une vidéo percutante suffit. Par exemple, la vidéo ci-dessous a fortement influencé les législateurs et les législatrices de St Catharines. 

Video : Zoocheck

À London, d’autres éléments, comme la santé publique et la sécurité, ont aussi été pris en considération.  

Bien que les établissements, qui dépendent d’une rétribution en échange d’une interaction entre les animaux et les touristes, minimisent ou ignorent simplement ce fait, la plupart des reptiles sont porteurs de maladies. C’est pourquoi les agences de santé publique en Ontario et ailleurs exhortent les enfants de moins de cinq ans, les personnes enceintes, les personnes de plus de 65 ans, ainsi que toutes les personnes immunodéprimées à éviter tout contact avec des reptiles ou à ne pas apporter ces animaux dans des environnements habités ou visités par des gens à risque.  

Constater à quel point peu de gens sont au courant de ce fait et la manière dont cette ignorance est exploitée par des personnes qui gagnent de l’argent avec ces animaux est un sujet de préoccupation pour moi. 

Ensemble, nous faisons la différence dans le combat mené contre l’exploitation et le commerce des animaux sauvages 

Davantage de personnes dénoncent l’exploitation et le commerce des animaux sauvages et cela a un impact. Cela contribue à faire en sorte que les conseillères et conseillers municipaux entendent les points de vue des résidentes et des résidents. Je tiens, par conséquent, à remercier du fond du cœur les sympathisants et sympathisantes d’avoir pris le temps d’envoyer des courriels aux conseillères et conseillers municipaux. 

Vos actions ont joué un rôle déterminant dans les récentes victoires que nous avons remportées à St Catharines et à London. En nous élevant contre l’exploitation et le commerce des animaux sauvages, nous obtenons des résultats tangibles. Lorsque j’assiste aux réunions d’un conseil municipal pour livrer un témoignage et pour défendre le bien-être animal, tant d’appui me donne confiance. 

Consultez la lettre envoyée au conseil municipal de London pour souligner les préoccupations au sujet du bien-être des animaux, de la santé publique et de la sécurité en ce qui concerne Reptilia

Inquiétudes soulevées au moment où Reptilia projette d’ouvrir un zoo avec des animaux exotiques en dépit d’une décision de la ville 

Bien qu’une exemption ait été refusée à un règlement municipal qui interdit la présence d’animaux exotiques comme les crocodiles et les alligators, des médias locaux rapportent que Reptilia se prépare à exposer des animaux natifs et exotiques dans son zoo situé au sein d’un centre commercial de London. 

Cette société affirme qu’elle n’est pas visée par l’application du règlement, car elle détient une licence provinciale et est un zoo privé. Cela met en fait en lumière la question plus vaste posée par le système provincial et explique pourquoi les municipalités ont été sans cesse dans l’obligation de régler elles-mêmes ces problèmes. Cette approche est inefficace, mais la province ne leur laisse pas le choix. 

Il convient de noter que le système de licences provinciales pour les zoos n’inclut pas à l’heure actuelle de réglementations concernant les animaux exotiques. Cette lacune importante présente un risque pour le bien-être animal, la santé publique et l’environnement. 

Nous allons suivre ces développements de près et vous tenir au courant. 

Hero banner : Verdian Chua / Unsplash

Plus d'informations sur