L’importation d’animaux sauvages au Canada : les faits

15/06/2023

Le Canada est réputé dans le monde entier pour sa nature sauvage. La seule mention du mot « Canada » fait venir à l’esprit des images de grizzlis, de loups et d’orignaux. Ce que beaucoup ignorent, c’est que le Canada joue un rôle important dans le commerce des animaux sauvages, y compris celui des animaux sauvages non indigènes (exotiques).

Par Michèle Hamers, gestionnaire de campagne pour les espèces sauvages

En 2020, à la suite de l’annonce de la pandémie de la COVID-19, nous avons voulu mieux comprendre le rôle du Canada dans le commerce mondial des espèces sauvages qui rapporte plusieurs milliards de dollars. Nous nous sommes posé de nombreuses questions, notamment sur les types d’animaux importés au Canada, sur leur nombre, sur les mesures prises par le Canada pour répondre aux préoccupations suivantes : le bien-être des animaux, la santé et la sécurité publiques, la biodiversité et les risques environnementaux inhérents à ce commerce. À la suite de nos recherches, nous avons récemment publié nos conclusions dans l’une des principales revues canadiennes.  

Même si d’autres recherches s’avèrent nécessaires pour répondre à plusieurs des nombreuses questions, nous avons obtenu les données sur les types et le nombre d’espèces importées ainsi que sur les raisons de ces importations. Nous avons également relevé les lacunes dans la surveillance et la réglementation gouvernementale du commerce et les risques encourus. 

Principales conclusions : 

  • Plus de 1,8 million d’animaux sauvages ont été importés au Canada sur une période de 7 ans (de 2014 à 2020). 
    • En voici les proportions : 51 % d’oiseaux, 28 % de reptiles, 19 % d’amphibiens et 2 % de mammifères. 
    • Les animaux ont été importés de 79 pays; 46 % provenaient de l’Amérique du Nord, 17 % de l’Asie, 14 % de l’Europe et 13 % de l’Afrique. 
    • Parmi les animaux importés, 49 % l’ont été pour le commerce des animaux de compagnie, 40 % pour l’élevage, 2 % pour la recherche biomédicale et moins de 1 % pour les zoos et des fins de divertissement.  

Lisez le rapport dans son intégralité : An analysis of Canada's declared live wildlife imports and implications for zoonotic disease risk (en anglais uniquement).

Des données de qualité : un incontournable à la prise de décisions éclairées 

En analysant les données, nous avons été choqués de constater le grand nombre de divergences, de lacunes et d’erreurs dans les ensembles de données que nous avons reçus.  

Par exemple : 

  • Le nom de l’espèce était manquant pour 84 % des animaux importés. 
  • Pour 9 % des animaux, la raison de leur importation n’a pas été précisée. 
  • Aucune donnée sur les antécédents des animaux n’était disponible, à savoir s’ils avaient été capturés à l’état sauvage, élevés dans un ranch ou en captivité. 

Ces résultats posent problème, car ils montrent que le Canada ignore le type des espèces animales sauvages qu’il importe. Faute de disposer des données cruciales sur les espèces, il est impossible d’analyser objectivement les tendances de ce commerce mondial, ses répercussions sur les populations sauvages, les risques de maladies pour les humains, les animaux domestiques et les espèces sauvages indigènes, ainsi que son incidence sur le bien-être des animaux. Sans cette analyse approfondie, l’on ne peut pas concevoir l’élaboration et la mise en œuvre de mesures adéquates pour protéger les animaux, les personnes et l’environnement.  

Pourquoi n’y a-t-il pas de données de qualité? 

En bref, il n’y a pas de gestion intégrée de la surveillance des importations d’espèces sauvages.  

Plusieurs organismes et ministères se partagent la responsabilité de différents volets du commerce, mais travaillent en vase clos, sans véritable partage d’informations. En outre, la responsabilité de certains volets du commerce des espèces sauvages n’appartient à personne. 

  • La responsabilité de vérifier l’importation des animaux sauvages pouvant perturber notre système alimentaire (ceux importés pour la consommation ou susceptibles de menacer la santé des animaux d’élevage) ou la santé de la population incombe à l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Les lois et les règlements fédéraux qu’applique l’ACIA dressent la liste des animaux représentant une menace. Les animaux ne figurant pas sur cette liste ne sont pas examinés par l’ACIA. 
  • Au Canada, Environnement Canada est la seule entité gouvernementale responsable de l’application de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Environnement Canada surveille aussi les espèces animales dont l’importation est interdite ou restreinte en raison de la menace d’envahissement ou du risque de propagation de maladies néfastes à la faune indigène. Les espèces qui relèvent de la responsabilité d’Environnement Canada sont énumérées dans les lois et les règlements du gouvernement fédéral. Les espèces animales qui n’y figurent pas ne sont généralement pas examinées par les responsables de l’application des lois. 

Ce partage alambiqué des responsabilités fait en sorte que la quasi-totalité des espèces importées pour le commerce des animaux de compagnie exotiques (la principale raison pour laquelle les animaux sauvages sont importés au Canada) n’est pas vraiment examinée. Ainsi, 49 % des animaux sauvages importés au Canada pour le commerce des animaux de compagnie passent sous le radar. 

La solution 

Le commerce des animaux sauvages nuit au bien-être des animaux, aux populations sauvages, à la biodiversité et à la santé publique.  

En premier lieu, nous recommandons au Canada d’améliorer sans tarder la collecte de données et la coordination entre les organismes gouvernementaux et de veiller à ce que toutes les importations d’animaux sauvages fassent l’objet d’un examen rigoureux à la frontière. Il faut mener des évaluations pour éliminer prioritairement et progressivement le commerce des espèces qui présentent le risque le plus élevé pour la santé publique et l’environnement. Le transport d’animaux en grand nombre menace leur bien-être. C’est une autre raison de taille pour contrecarrer le commerce des animaux sauvages. 

Signez notre pétition. Joignez-vous à nous pour demander au gouvernement canadien de cesser l’importation des animaux sauvages et de mettre fin au commerce mondial des espèces sauvages. Pour toujours. 

Passez à l'action

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