Le plan de lutte contre le changement climatique du Canada doit inclure l’élevage
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Il est temps de considérer l’élevage comme le nouveau charbon
Depuis plusieurs années, des gouvernements, dont celui du Canada, sont passés à l’action en adoptant des politiques plus audacieuses afin de lutter contre le changement climatique. Les efforts se sont largement concentrés sur le secteur pétrolier et gazier, mais le Plan de réduction des émissions publié en mars 2022 comprend des cibles de réduction dans de nombreux secteurs comme ceux du pétrole et du gaz naturel, du transport et des autres industries.
L’absence d’objectif pour le secteur agricole est cependant décevante. Bien que les méthodes d’agriculture durable (p. ex. les cultures de couverture, le pâturage en rotation et la gestion des engrais) y soient mentionnées, le reste n’a pas beaucoup changé – des promesses d’aider les agriculteurs à adopter des solutions technologiques. Aucune attention n’est portée aux aliments que nous cultivons ou à ce que nous mangeons, alors que d’élever moins d’animaux et de manger moins de viande et de produits laitiers sont des moyens essentiels de réduire de façon significative les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Canada et du monde.
L’opinion des experts est claire : nous DEVONS réduire notre appétit pour les protéines animales si nous voulons faire des progrès significatifs dans la réduction de nos GES et dans l’atteinte de notre cible pour 2050 de garder l’augmentation de la température mondiale moyenne en deçà de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels.
La situation est simple : sans une réduction de la consommation et de la production d’aliments de source animale, nous ne pouvons atteindre cet objectif. En fait, une étude de l’Université de Bonn, en Allemagne, publiée le mois dernier affirme que les pays développés devront réduire leur consommation de viande d’au moins 75 % pour arriver aux réductions nécessaires de GES.
Voici les faits
- L’élevage compte pour 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES), ce qui représente une proportion énorme, et il est la principale source de méthane et d’oxyde nitreux, le plus puissant des trois principaux GES.
- Sans une réduction radicale de la consommation d’aliments de source animale, l’agriculture consommera la majorité du budget carbone mondial nécessaire pour garder l’augmentation des températures mondiales en deçà de 2 °C d’ici 2050.
- Notre système alimentaire est le principal moteur de la perte de biodiversité, principalement en raison des conséquences disproportionnées de l’élevage sur la biodiversité, l’utilisation des terres et l’environnement. À elle seule, l’agriculture a été identifiée comme étant une menace pour 24 000 (86 %) des 28 000 espèces en péril. Le taux mondial actuel d’extinction des espèces est supérieur au taux moyen des 10 millions d’années précédentes.
- La viande et les produits laitiers ne sont pas des sources de nutrition efficaces ou durables. Alors que la viande et les produits laitiers ne fournissent que 18 % des calories et 37 % des protéines, ils utilisent 83 % des terres agricoles et produisent 60 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole.
Ce que le Canada doit faire
Le gouvernement canadien doit encourager ses citoyens à manger moins de viande et de produits laitiers, une recommandation en accord avec son propre Guide alimentaire canadien, révisé en 2019. Manger plus de protéines végétales et moins de protéines animales est aussi bénéfique pour les animaux et pour notre santé.
Le Canada doit aussi mettre en place des cibles de réduction des émissions en agriculture et soutenir les agriculteurs dans leur transition vers des systèmes agricoles plus humains et durables. Cela comprend une réduction du nombre d’animaux élevés, l’adoption de systèmes axés sur un meilleur bien-être qui sont plus durables et moins polluants, et le recours à des méthodes agroécologiques.
Le Canada ne peut pas attendre que les poules aient des dents avant de s’attaquer à cette question. Ne pas le faire aurait de graves conséquences pour notre planète qui se réchauffe.
Saviez-vous que l’élevage est l’une des principales causes du changement climatique?