Fin d’une époque : changement d’attitude en Thaïlande face aux éléphants en captivité dans le tourisme
Il y a dix ans, les tours à dos d’éléphant étaient la norme en Thaïlande. Or, grâce au courage de certains voyagistes et aux efforts des groupes de défense des animaux pour exposer leur cruauté implicite, ces tours seront bientôt de l’histoire ancienne.
Blogue écrit par Julie Cappiello, directrice de campagne Wildlife. Not Entertainers, États-Unis
En 2014, Intrepid Group fut le premier voyagiste à exclure la vente de tours à dos d’éléphants de ses plateformes, après s’être associé à Protection mondiale des animaux pour exposer l’industrie à la lumière de ses recherches. Par la suite, plus de 250 voyagistes ont cessé de vendre et de promouvoir les tours à dos d'éléphant (en anglais).
Depuis quelques années, des géants du voyage comme Airbnb, EF Education First, TripAdvisor, Booking, National Geographic Expeditions et The Travel Corporation se sont engagés à respecter les éléphants, en promettant de ne plus faire de profits sur leur dos.
Selon une étude privée, menée par Kantar TNS pour Protection mondiale des animaux, l’acceptabilité des tours à dos d’éléphant a chuté de 53% en 2014 à 41% en 2019. De plus en plus de sites thaïlandais se vantent de ne plus offrir de tours à dos d’éléphant pour ne pas faire fuir les voyageurs.
L'organe thaïlandais du tourisme a aussi pris ses distances face aux tours d’éléphants en déclarant à Yahoo News Australia (en anglais) qu’elle ne les soutenait pas, et avertissait les voyageurs : « Ne montez pas à dos d’éléphant et n’encouragez pas ce type d’activités. »
Avant qu’un éléphant n’accepte de prendre des touristes sur son dos ou d’interagir avec eux, il faut l’arracher à sa mère en bas âge et le soumettre à un dressage intense pour le « casser », qui comprend la contrainte physique, la douleur intense et la carence en nourriture et en eau.
Au moment où les touristes peuvent le monter, l’éléphant peut sembler paisible, mais c’est parce qu’il a été cassé. Le crochet du dresseur, un objet pointu qui sert pendant le cassage, lui rappelle à la domination de l’humain.
Et quand ils ne travaillent pas? Les éléphants gardés dans les sites sont généralement enchainés jour et nuit, souvent sur un sol de béton dans des lieux stressants, près de la musique bruyante, des routes et des foules agitées. Souvent, leur chaine fait moins de 3 mètres de long. On les empêche d’interagir entre eux, ce qui nuit énormément au bien-être psychologique de ces animaux qui vivent normalement en troupeau.
Mais il y a de l’espoir. Tandis que les autorités dénoncent ces pratiques, les sites thaïlandais mettent fin à ces activités et certains se convertissement en sites strictement axés sur l’observation.
Premier site commercial vraiment respectueux des éléphants, ChangChill a ouvert en juin 2019, à Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande. Anciennement Happy Elephant Care Valley, un site qui offrait des tours, spectacles et autres formes de contact, ChangChill permet aujourd’hui aux visiteurs d’observer les éléphants à distance sécuritaire et respectueuse. Les visiteurs peuvent remplir les mangeoires, où les six éléphants viennent fouiller pour trouver ce qu’ils veulent manger.
Au lieu de les faire baigner dans la rivière, les visiteurs peuvent ouvrir un système de gicleurs et voir de loin les éléphants se rafraichir. Et les seuls autorisés à s’approcher des éléphants sont leurs gardiens, ou « cornacs ».
Les éléphants font dorénavant ce qu’ils veulent, quand ils le veulent et à leur propre rythme. Rien ne vaut l’expérience de voir un éléphant être lui-même.
Après le succès de ChangChill, un autre site d’observation nommé Following Giants vient d’ouvrir les portes à Koh Lanta, à proximité de Bangkok, la capitale. On espère que ces sites, financièrement indépendants et autonomes, deviendront un modèle du tourisme respectueux des éléphants en Thaïlande et dans le reste du monde.
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