Des superbactéries mortelles trouvées dans les cours d’eau aux abords de cruelles fermes industrielles
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Selon notre nouvelle recherche, les rivières et les ruisseaux publics en bordure des fermes industrielles au Canada, en Espagne, en Thaïlande et aux États-Unis, où les animaux souffrent toute une vie de misère pour devenir de la nourriture, contiennent des gènes de résistance aux antibiotiques dangereux pour la santé de la population.
La première enquête du genre impliquant plusieurs pays, « Silent superbug killers in a river near you » (en anglais uniquement), a découvert de puissants gènes de résistance aux antibiotiques (GRA) en aval des fermes industrielles.
Fuite dans les environnements avoisinants
Les résultats de l’étude suggèrent que les fermes industrielles pourraient rejeter des gènes de résistance aux antibiotiques et des superbactéries dans l’environnement étendu, du fait de la propagation des déchets de porc dans les champs et du lessivage dans les voies navigables publiques. Une fois rendues dans l’environnement, les superbactéries peuvent atteindre les humains de plusieurs manières. Cela comprend les activités récréatives telles que les sports nautiques, la consommation de poisson provenant de l’eau contaminée et la consommation de cultures contaminées par les eaux de surface.
Les gènes de résistance aux antibiotiques devraient faire l’objet de préoccupations, car ils sont les éléments constitutifs des « superbactéries » (bactéries qui ont développé une résistance à un ou plusieurs antibiotiques). Cela signifie que les antibiotiques seront moins efficaces ou inefficaces dans le traitement des infections chez l’homme. Certains antibiotiques sont déjà inefficaces dans certaines régions du monde. Si aucune mesure n’est prise, à l’avenir, les procédures de routine comme les césariennes ou les traitements contre le cancer pourraient devenir dangereuses dans le monde entier (en anglais uniquement).
Au Manitoba, la présence de gènes de résistance aux antibiotiques a été évaluée à partir d’échantillons prélevés en novembre 2020 dans des espaces accessibles au public en amont et en aval de huit fermes porcines industrielles. L’enquête a révélé que les gènes de résistance aux antibiotiques comprenaient les céphalosporines et les fluoroquinolones, qui sont les plus préoccupantes pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces antibiotiques sont la dernière ligne de défense contre les infections courantes telles que les infections des voies urinaires ou pour maintenir en vie les patients atteints de maladies potentiellement mortelles telles que les infections respiratoires, lorsque d’autres antibiotiques échouent.
Pire que la COVID-19 ?
La crise des superbactéries constitue une menace qui pourrait éclipser même la pandémie de COVID-19. Déjà, plus de 700 000 personnes meurent chaque année de superbactéries contre lesquelles les antibiotiques sont inefficaces pour traiter les infections.
De façon alarmante, on s’attend à ce que près de 10 millions de personnes meurent chaque année des superbactéries d’ici 2050.
Fermes industrielles ne suivant pas les recommandations de l’OMS
L’OMS recommande de ne pas utiliser systématiquement d’antibiotiques pour prévenir les maladies parmi les groupes d’animaux d’élevage. Malgré cela, la pratique demeure répandue dans les fermes-usines cruelles où jusqu’à 75 % des antibiotiques au monde sont utilisés sur les animaux de ferme.
Lynn Kavanagh, responsable de la campagne agricole chez World Animal Protection mentionne que,
« L’élevage animal industriel prend des risques avec la vie de la population en utilisant régulièrement des antibiotiques, ce qui alimente l’augmentation des superbactéries dangereuses, » dit-elle. « Garder les animaux dans des conditions dans lesquelles ils sont en meilleure santé est le seul moyen d’arrêter la surutilisation des antibiotiques dans les fermes. Nous devons cesser d’utiliser des antibiotiques dans tous les groupes d’animaux pour prévenir la maladie. »
Effets dévastateurs sur les populations locales
Nous avons également interrogé des gens des communautés locales pour évaluer leurs expériences et leurs témoignages. Au Manitoba, les citoyens se sont organisés pour s’opposer aux exploitations industrielles de porcs en raison de l’impact négatif qu’elles ont sur l’environnement local.
Vicki Burns fait partie du groupe Hog Watch Manitoba et dit qu’ils essaient depuis des années d’attirer l’attention du gouvernement sur leurs préoccupations concernant les élevages de porcs. Elle dit qu’il y a des odeurs toxiques qui émanent de la grange qui ont un impact sur les communautés et que trop de fumier pénètre dans le lac local.
« C’est très difficile » dit Vicki Bruns. « Il est difficile d’amener une personne au pouvoir à prêter attention aux problèmes de l’agriculture industrielle. »
Bill Massey est un petit éleveur local de porcs local. Il dit : « Il me semble, pour ce qui est de l’utilisation d’antibiotiques, de bien-être animal, de santé animale et simplement de l’éthique de tout cela dans l’ensemble, qu’il est difficile de croire que nous pouvons traiter les animaux de cette manière. Si vous prenez un animal intelligent comme celui-là et que vous le mettez dans ce genre de conditions, vous pouvez imaginer le stress que l’animal endure. »
À la suite du changement positif s’opérant au sein de l’UE
À partir de janvier 2022, il sera illégal au sein de l’Union européenne d’administrer des antibiotiques à des groupes d’animaux d’élevage pour prévenir les maladies, et il est important que ces lois soient appliquées et que d’autres pays emboîtent le pas.
Nous demandons au gouvernement canadien d’éliminer progressivement l’utilisation d’antibiotiques pour prévenir les maladies parmi les groupes d’animaux de ferme et de veiller à ce que les fermes d’élevage restantes respectent les normes minimales de responsabilité du bien-être animal de FARMS.
Il est important de noter que les antibiotiques sont essentiels pour traiter les animaux qui tombent malades; mais la cessation d’une utilisation prophylactique d’antibiotiques les rendra également plus efficaces en cas de besoin.
La Protection mondiale des animaux exhorte également le gouvernement canadien à aider les agriculteurs à faire la transition vers des systèmes plus durables et plus humains où les animaux ne souffrent pas et la santé humaine n’est pas en danger.
L’élevage animal industriel prend des risques avec la vie humaine en utilisant régulièrement des antibiotiques, ce qui alimente l’augmentation des superbactéries dangereuses.