Lizards confined in tupperware at an exotic pet exposition.

7 raisons de ne pas utiliser d’animaux sauvages comme animaux de compagnie

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La place des animaux sauvages est dans la nature, pas dans votre maison – voici pourquoi

En cette Journée mondiale des animaux, pensons aux animaux qui vivent sous notre toit. Bien que la majorité des gens optent pour des chats ou des chiens comme animaux de compagnie, une tendance de plus en plus répandue consiste à avoir des animaux sauvages chez soi, par exemple des serpents, des perroquets et même des loutres! 

Posséder un animal exotique rare peut sembler génial, mais ces êtres souffrent tout au long du processus, avant même que vous les ameniez chez vous et jusqu’à la fin de leur vie en captivité. 

Voici sept raisons pour lesquelles vous ne devriez jamais acheter d’animal exotique pour vous tenir compagnie.  

1. La place des animaux sauvages est dans la nature 

Contrairement aux chats et aux chiens qui sont domestiqués depuis des milliers d’années et se sont donc adaptés à la vie aux côtés des êtres humains, les animaux sauvages sont nés pour être sauvages.  

De nombreuses espèces mènent des vies complexes soumises à une vaste dynamique sociale. Les comportements naturels qu’elles adoptent dans la nature ne peuvent pas être reproduits dans un environnement captif. Même les individus qui sont élevés en captivité partagent les traits génétiques de leurs semblables sauvages et ne sont donc pas adaptés à une existence d’animaux de compagnie. 

La plupart des environnements captifs sont tout simplement inadéquats pour ces animaux. Les serpents sont souvent placés dans des terrariums si petits qu’ils ne peuvent pas s’étirer de tout leur long. Les perroquets, qui sont rarement seuls dans la nature, se retrouvent fréquemment isolés dans de petites cages. Ce n’est pas une vie pour un animal sauvage exotique. 

2. De nombreux animaux exotiques sont capturés dans la nature 

De nombreux animaux ont déjà entamé leur vie dans la nature avant d’être abruptement et cruellement enlevés à leur habitat et à leur famille pour devenir un animal de compagnie.  

Les tactiques utilisées pour capturer ces animaux sauvages sont totalement inhumaines. L’une d’entre elles, révélée par des enquêtes de l’organisme Protection mondiale des animaux, est d’utiliser des appâts vivants pour attirer et piéger des aras sauvages. La méthode mise au jour par ces enquêtes consiste à attacher un oiseau vivant au sol ou à un arbre afin de s’en servir comme appât. L’oiseau piégé est alors contraint de lancer des appels de détresse qui attirent d’autres aras inquiets, qui sont alors eux-mêmes capturés et enlevés à leur habitat afin d’être vendus sur le marché des animaux de compagnie exotiques. 

Cet exemple de cruauté n’en est qu’un parmi d’autres. Le nombre d’animaux enlevés à leur habitat sauvage pour servir de marchandises sur ce marché est saisissant. On estime que 90 % des espèces de reptiles vendues et 50 % des reptiles individuels vendus ont été pris dans la nature [1].

Macaws caught in a cage for the illegal exotic pet trade.

En image : Des aras captifs sur le marché illégal de la vente.

3. Les animaux sauvages élevés en captivité souffrent tout autant 

Bien que l’élevage en captivité soit souvent suggéré comme solution de rechange plus humaine à la capture à l’état sauvage, cette façon de faire entraîne elle aussi d’immenses souffrances.  

Au-delà du fait que la place des animaux sauvages est dans la nature, les méthodes d’élevage visant à obtenir certains traits attrayants pour les consommateurs peuvent avoir d’autres répercussions négatives sur la santé physique et mentale des animaux.  

Cet effet est souvent observé chez les serpents et les autres reptiles, où la demande de spécimens génétiquement modifiés est à la hausse. Ces reptiles issus d’un croisement sélectif montrent souvent des signes de troubles neurologiques qui ont une incidence sur le bien-être des animaux [2].

4. La captivité ne répond pas aux besoins des animaux.  

Les animaux sauvages souffrent lorsqu’ils se retrouvent en captivité. Il est impossible de reproduire l’espace et la liberté dont les animaux ont besoin dans leur habitat.  

La vie en captivité limite le comportement naturel de l’animal et constitue un risque pour son bien-être mental et physique. Il arrive souvent qu’il ne puisse bénéficier d’un abri, de nourriture, d’un espace de mouvement et d’un contrôle environnemental adéquats. 

Dans la nature, un perroquet gris d’Afrique peut parcourir en volant jusqu’à dix kilomètres par jour pour chercher de la nourriture et interagir avec son vaste réseau social. Pourtant, lorsqu’il est en captivité, il est souvent confiné à une vie solitaire dans une cage. Sa santé mentale s’en retrouve profondément affectée. De nombreux oiseaux sauvages captifs finissent par recourir à une forme d’automutilation, le picage, qui consiste à s’arracher toutes les plumes.

A pet African grey parrot with their feathers missing due to self-plucking.

Un perroquet gris d’Afrique utilisé comme animal de compagnie à qui il manque des plumes en raison du picage.

5. Le commerce des animaux de compagnie exotiques met en danger les populations sauvages. 

La popularité grandissante des animaux de compagnie exotiques menace les populations sauvages. À mesure que de plus en plus d’animaux sont arrachés à leur habitat, le nombre d’individus restants dans la nature diminue. 

Chaque année, pas moins de 21 % de la population sauvage totale des perroquets gris d’Afrique sont victimes de braconnage. Cette espèce est déjà en voie de disparition [3]Bien qu’ils soient désormais protégés contre le commerce international, ils demeurent menacés par la vente illégale d’animaux sauvages.  

Les loutres font également l’objet d’une convoitise croissante à titre d’animaux de compagnie. Cette demande fait en sorte qu’elles sont froidement arrachées à leur habitat. Les braconniers ont tendance à capturer les jeunes loutres, qui se laissent plus facilement attraper, et ce faisant, tuent souvent leurs parents qui tentent de les protéger. Cette pratique choquante a entraîné un déclin de 30 % des populations de loutres à pelage lisse et des loutres cendrées au cours des 30 dernières années [4].

An otter in a cage on a captive breeding farm that supplies the exotic pet trade.

Des loutres dans un élevage captif en Indonésie. La ferme est soupçonnée de « blanchiment » de loutres sauvages capturées en vue d’approvisionner le marché des animaux de compagnie domestique ainsi qu’une chaîne de bars à loutres au Japon.

6. Le commerce des animaux de compagnie exotiques est mortel  

Qu’ils soient victimes de braconnage dans leur habitat ou élevés en captivité, ces animaux souffrent très longtemps pour se rendre dans nos foyers. Ils sont souvent expédiés sur de longues distances dans des enclos exigus où ils sont incapables de bouger. De nombreux animaux meurent de suffocation, de faim ou de maladie avant même d’atteindre leur destination.  

Par exemple, de 30 % à 60 %, et parfois pas moins de 70 % à 90 %, des perroquets gris d’Afrique meurent pendant le transport, et ceux qui survivent doivent passer plusieurs jours ou semaines parmi leurs congénères décédés [5].

Les taux de mortalité dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement semblent élevés, se situant entre 5 % et 100 % pour les reptiles attrapés dans la nature et entre 5 % et 25 % pour ceux élevés en captivité [6,7]. Selon un représentant de l’industrie, un taux de mortalité de 72 % durant la période de rotation des stocks moyenne de 6 semaines est considéré comme étant la norme dans le secteur [8].

Captured African grey parrots crammed into a crate for transport in the exotic pet trade.

Des perroquets gris capturés entassés dans une caisse de transport en République démocratique du Congo. Photo : Lwiro Sanctuary

7. Ils peuvent être porteurs de maladies zoonotiques   

Les animaux sauvages peuvent également poser un risque important pour la santé humaine. Les maladies zoonotiques (des maladies pouvant être transmises des animaux aux humains) causent chaque année environ un milliard de cas de maladie et des millions de décès chez l’être humain [9].

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la plupart des experts en maladies infectieuses s’entendent pour dire que les futures pandémies humaines risquent d’être d’origine zoonotique et que les espèces sauvages en seront la principale source. Parmi les maladies infectieuses nouvelles ou émergentes des dernières décennies, 75 % provenaient d’animaux, principalement d’espèces sauvages. Le SRAS, le SRMO, l’Ebola et la COVID-19 sont toutes des maladies qui proviennent de la faune [10].

Il peut donc être dangereux pour votre santé d’avoir un animal sauvage sous votre toit. Plus de 50 maladies ont été associées à la présence d’animaux de compagnie exotiques chez soi [11]. Les animaux de compagnie exotiques peuvent transmettre un grand nombre de maladies zoonotiques, par exemple la salmonellose chez les hérissons et les iguanes, la dermatophytose chez les chinchillas, et des maladies plus graves comme la rage chez les ouistitis [12].

Vous avez déjà un animal de compagnie exotique? 

Nous savons que les gens aiment beaucoup leurs animaux de compagnie et que de nombreux animaux exotiques se trouvent déjà dans nos foyers. Si vous possédez déjà un animal exotique, nous vous invitons à demander, si ce n’est pas déjà fait, les conseils d’un vétérinaire spécialisé afin de vous assurer du bien-être de votre animal dans la mesure du possible. Nous vous encourageons à continuer d’offrir à votre animal exotique la meilleure vie qui soit, et ce, tant et aussi longtemps que vous le pouvez. 

Afin que les animaux sauvages puissent rester dans la nature, là où est leur place, nous vous demandons de vous engager à ne pas acheter un autre animal exotique à l’avenir et à vous abstenir de faire reproduire celui que vous possédez. 

Sources

(en anglais seulement)

  1. Marshall BM, Strine C, Hughes AC. Thousands of reptile species threatened by under-regulated global trade. Nature communications. 2020 Sep 29;11(1):1-2.  

  1. Rose M, Williams D. Neurologic dysfunction in a ball python (python regius) color morph, and Implications for welfare. Journal of Exotic Pet Medicine. 2014 July; 23(3.) DOI:10.1053/j.jepm.2014.06.002 

  1. BirdLife International. 2021. Psittacus erithacus. The IUCN Red List of Threatened Species 2021: e.T22724813A154428817. https://dx.doi.org/10.2305/IUCN.UK.2021-3.RLTS.T22724813A154428817.en. Accessed on 07 April 2022. 

  1. Pacifici, M., L. Santini, M. Di Marco, D. Baisero, L. Francucci, G. Grottolo Marasini, P. Visconti, C. Rondinini. 2013. Generation length for mammals. Nature Conservation 5: 87-94. 

  1. McGowan, P., 2001. Status, Management and Conservation of the African Grey Parrot, Psittacus erithacus in Nigeria. CITES, Geneva, Switzerland. 

  1. Warwick C. The morality of the reptile" pet" trade. Journal of Animal Ethics. 2014 Mar 24;4(1):74-94. 

  1. Ashley S, Brown S, Ledford J, Martin J, Nash AE, Terry A, Tristan T, Warwick C. Morbidity and mortality of invertebrates, amphibians, reptiles, and mammals at a major exotic companion animal wholesaler. Journal of Applied Animal Welfare Science. 2014 Oct 2;17(4):308-21. 

  1. Judicial proceedings J. M. Smith, 2010 

  1. Karesh, W. B., Dobson, A., Lloyd-Smith, J. O., Lubroth, J., Dixon, M. A., Bennett, M., Aldrich, S., Harrington, T., Formenty, P., Loh, E. H., Machalaba, C. C., Thomas, M. J., & Heymann, D. L. (2012). Ecology of zoonoses: natural and unnatural histories. Lancet (London, England), 380(9857), 1936–1945. https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(12)61678-X/fulltext 

  1. World Health Organization. (2020) Zoonoses. Zoonoses (who.int) Accessed on 07 April 2022. 

  1. FRSPH C, FSB PC, AMSB MJ. A review of captive exotic animal-linked zoonoses. Journal of Environmental Health Research.;12(1):9. 

  1. Chomel, B. B., Belotto, A., & Meslin, F. (2007). Wildlife, Exotic Pets, and Emerging Zoonoses. Emerging Infectious Diseases, 13(1), 6. https://doi.org/10.3201/eid1301.060480

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