5 raisons de se soucier de ce que vivent les animaux

12/05/2023

Le monde de la recherche a effectué d’importantes percées dans la compréhension des émotions et des sentiments des animaux (science du bien-être animal). La souffrance des animaux sauvages tenus en captivité est désormais admise. Les scientifiques sont unanimes pour dire qu’un animal sauvage se portera mentalement et physiquement beaucoup mieux dans la nature.

Les animaux sont des êtres sensibles, capables d’éprouver des sentiments et des sensations. Toutes les espèces animales (mammifères, poissons, oiseaux, etc.) sont dotées de la sentience, la capacité de ressentir du plaisir et de la douleur. Tout animal peut ressentir différents sentiments, comme la joie, le bonheur, l’inconfort, la détresse. Aussi, les humains devraient s’efforcer de réduire la souffrance des animaux.

Hélas, bon nombre des expériences de mise en tourisme de la vie sauvage échouent lamentablement. De par le monde, des animaux sauvages sont détenus dans des conditions qui leur causent une souffrance physique, mentale et émotionnelle.

Les faits révélés ci-après sur les sentiments des animaux et les contrecoups de la captivité à des fins de divertissement peuvent être choquants. Le public voyageur soucieux du bien-être des animaux voudra en prendre acte.

1. Les éléphants qui se produisent en spectacle peuvent développer un syndrome de stress post-traumatique

Les éléphants se produisant dans des lieux de divertissement sont contraints à adopter des comportements et à poser des gestes qu’ils ne feraient jamais à l’état sauvage, comme saluer le public, se tenir en équilibre sur les pattes arrière ou porter sur leur dos une personne du public ou la personne qui les dressent.

Le « dressage » d’un éléphant implique généralement le recours à des méthodes cruelles et douloureuses qui traumatisent l’animal. Comme le souligne notre rapport intitulé Taken for a ride (en anglais seulement), les éléphants qui endurent un tel entraînement peuvent manifester les signes caractéristiques du trouble de stress post-traumatique (TSPT).

Les éléphants ont des besoins complexes. Ils évoluent dans leur environnement physique et social en apprenant au contact de leurs congénères dans le troupeau. Or, en captivité, ils vivent solitaires le plus souvent, forcés à divertir le public et privés de la possibilité de nouer des liens avec leurs pairs, essentiels à leur bien-être.

Elephant Entertainer

Éléphants se produisant pour les touristes. Photo : Fernando Carniel Machado / World Animal Protection 

2. Les dauphins vivent une détresse lorsqu’ils se produisent à des fins de divertissement

Les cétacés possèdent de grandes capacités cognitives, une intelligence remarquable et une forme de pensée évoluée à en juger par la physiologie de leur cerveau. Les dauphins à gros nez sont même capables d’apprendre un langage gestuel simple. Malheureusement, qui exploite le plus l’intelligence des dauphins néglige leur bien-être émotionnel.

Demandez à votre entourage de caractériser un dauphin et vous obtiendrez probablement comme réponse que c’est un animal enjoué et sociable. Rien d’étonnant à ce que notre étude intitulée Un sourire trompeur montre que l’amour des dauphins motive la moitié des personnes à visiter les delphinariums.

L’anthropomorphisme est la tendance à attribuer aux animaux des réactions et des sentiments propres à l’espèce humaine. À la vue de dauphins en captivité jouant avec une balle ou arborant un « sourire », les touristes en concluent donc qu’ils mènent une vie heureuse.

S’ils ont l’air de sourire, détrompez-vous! La triste réalité, c’est que la vie en captivité nuit aux dauphins. Forcés d’être des amuseurs publics, ils dépérissent et vivent de la détresse. Lorsqu’un dauphin glisse hors de l’eau pour que les touristes puissent prendre des égoportraits en sa compagnie ou le toucher, en fait il s’échoue sur la terre ferme. Dans la nature, l’échouage peut entraîner la mort; la reproduction de cette situation se révèle donc physiquement et mentalement stressante pour le dauphin.

3. L’environnement bruyant dans lequel les animaux en captivité se produisent en spectacle leur est néfaste

De nombreux delphinariums diffusent une musique tonitruante pour plaire au public. Un niveau sonore excédant 85 décibels (dB) est considéré comme nocif pour l’oreille humaine. Or, le niveau sonore moyen des spectacles aquatiques s’élève à 94 dB.

Certains sites enregistrent un niveau sonore plus élevé encore, atteignant 110 dB. À titre indicatif, les concerts de rock peuvent facilement atteindre ce niveau. Si le public est exposé à ce volume sonore pendant 15 à 30 minutes, les dauphins eux le sont pendant de longues périodes, jour après jour.

Dans leur milieu naturel, les dauphins qui entendraient des bruits d’un niveau sonore élevé n’en seraient pas perturbés, car ils pourraient simplement plonger plus profondément pour éviter la détresse associée au bruit excessif. Les delphinariums et les parcs aquatiques n’offrent pas aux animaux en captivité qui y vivent des zones profondes où se réfugier en lieu sûr. Sans compter que les animaux qui s’y produisent sont maintenus à la surface de l’eau durant la majeure partie de leurs spectacles.

A dolphin jumping out the water at night

Un dauphin en captivité se produit en spectacle lors de l’événement intitulé Sea World Spooky Nights (« Nuits effrayantes dans le monde marin »), décrit comme la sortie la plus spectaculaire. Au parc, les familles sont invitées à plonger dans un univers haut en couleur et en son. Photo : Carol Slater Photography / World Animal Protection 

4. Les félins en captivité ressentent la peur, le stress et l’anxiété, des sentiments dont l’ampleur est proportionnelle au nombre de touristes

L’observation des félins et de leurs petits constitue un événement inusité. L’attrait des touristes pour les rencontres avec ces félins a conduit à la capture de nombreux animaux et à leur mise en captivité.

Une étude a conclu que plus les tigres à l’état sauvage sont entourés de touristes, plus leurs concentrations d’hormones de stress s’élèvent.

Lion cub licks a lock

Le lionceau est utilisé comme jouet par les touristes qui peuvent le tenir dans leurs bras, le caresser, le nourrir au biberon et le promener. Photo : Pippa Hankinson / Blood Lions 

5. Les animaux sauvages peuvent dissimuler leurs sentiments

Les humains sont en général capables de filtrer ou de maîtriser leurs émotions quand les circonstances le demandent. Par exemple, nous nous retenons de pleurer devant notre gestionnaire au travail ou tentons de maîtriser nos nerfs devant nos enfants. Nous sommes peut-être sceptiques à l’idée que les animaux, sauvages notamment, puissent agir de même.

Certains ours noirs semblent demeurer imperturbables en présence de véhicules ou de drones. D’aucuns ont présumé que cela démontrait qu’ils n’étaient pas affectés ou ne se sentaient pas concernés par les signes de l’activité humaine dans leur environnement.

Or, des études ont montré que les signes de l’activité humaine augmentent la fréquence cardiaque des ours, preuve tangible qu’ils ressentent du stress ou de l’anxiété. Les humains ne reconnaissent pas toujours chez les animaux les signes comportementaux traduisant leur inconfort; cela ne veut pas dire pour autant qu’ils ne ressentent pas ces sentiments.

Les animaux, en tant qu’êtres dotés de sensibilité, requièrent notre protection

Les animaux ressentent une large gamme de sensations et d’émotions variées. Il est moralement inacceptable de les forcer à éprouver de la douleur, de la détresse et de l’anxiété aux seules fins de nous divertir.

En comprenant mieux les émotions que vivent les animaux, vous contribuez à défendre leur bien-être.

La plupart des touristes qui visitent ces lieux de divertissement ou qui assistent aux spectacles d’animaux en captivité seraient horrifiés d’apprendre ce qu’endurent ces animaux. La sensibilisation de l’opinion publique gagne du terrain rapidement. Bientôt, l’industrie du voyage et du tourisme qui profite de la vente de billets pour des attractions cruelles envers les animaux sera obligée de repenser ses pratiques pour mettre fin à la cruauté, aux abus et à la maltraitance qu’elles cachent.