
5 raisons de protéger les reptiles du commerce des animaux exotiques
La Journée des reptiles (21 octobre) est l’occasion parfaite pour en apprendre plus sur nos amis à écailles et pourquoi il faut les protéger.
Le commerce des reptiles est à la fois légal et illégal
Il est permis d’élever des reptiles exotiques au Canada, tant que l’élevage respecte les rares règlements en place. Le problème ici, c’est que plusieurs élevages manquent de transparence: le public a rarement accès aux installations; les éleveurs peuvent travailler à l’insu d’une municipalité; les autorités responsables peuvent même ignorer l’existence de ces élevages sur leur territoire. Si on en sait très peu sur ces opérations d’élevages, on sait que les reptiles y sont soumis à un élevage intensif, dans des conditions peu naturelles, et qu’ils sont traités comme de la marchandise.
La plupart des reptiles qu’on trouve dans des animaleries comme PetSmart sont censés provenir d’élevages. Or, ils sont parfois capturés à l’état sauvage pour assurer un bon bagage génétique dans les élevages. L’élevage et la capture de reptiles sauvages dans le commerce des animaux exotiques sont deux pratiques courantes et, dans bien des cas, légales.
Les lois qui prévoient quels reptiles peuvent être capturés sauvages et vendus hors frontières varient d’un pays à l’autre. La CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) règlemente le commerce des espèces menacées, mais près de 91% des reptiles sont sans protection.
Aussi, de plus en plus de preuves scientifiques démontrent que le commerce légal stimule la demande et favorise indirectement le commerce illégal de reptiles. La contrebande, qui existe aussi ici, au Canada, comprend le braconnage, l’élevage d’animaux interdits et le commerce et la vente de reptiles protégés.
Qu’il s’agisse de commerce légal ou illégal, on ne pense au bien-être de l’animal qu’après-coup. Or, le reptile devrait être traité comme un animal sauvage et non comme de la marchandise.

Les reptiles sont porteurs de zoonoses
La salmonellose est une de ces zoonoses transmises du reptile à l’humain. Le reptile élimine la salmonelle par l’intestin. Elle se loge alors sur sa peau ou sa carapace. Inoffensive pour le reptile, la salmonelle peut causer chez l’humain des maladies menant à l’hospitalisation, voire la mort. Elle menace plus particulièrement les jeunes enfants, les ainés, les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées.
En décembre 2019, Santé publique Canada émettait un avis sur une éclosion de salmonellose au Canada, avec 92 cas confirmés, liés au transport et à la possession de serpents. La dernière éclosion de salmonellose en Amérique du Nord fut rapportée par les Centers for Disease and Control aux États-Unis. Dans les cas mentionnés, la salmonelle était liée à des hérissons et des agames barbus gardés à la maison.
D’autres zoonoses sont associées au fait de garder des reptiles, notamment le botulisme, une maladie grave et potentiellement mortelle causée par une toxine de la bactérie Clostridium qui provoque la paralysie et la mort; la campylobactériose, une infection intestinale; la leptospirose, une maladie du foie; et la trichinellose, une maladie des muscles, du système nerveux, du cœur et des poumons. La gravité de ces maladies peut aller d’un léger inconfort à l’hospitalisation ou la mort.
Depuis les trois dernières décennies, 75% des maladies infectieuses émergentes proviendraient surtout de la faune. Cela dit, il est inquiétant de savoir que l’importation au Canada d’un des principaux groupes d’animaux, les reptiles et les amphibiens, ne requiert aucun certificat ou permis sanitaire. On n’impose aucune restriction sur le but de l’importation, le pays d’origine ou la provenance de l’animal (origine sauvage ou d’élevage).

La vie en captivité ne répond pas aux besoins d’un reptile
Pour assurer le bien-être physique et psychologique d’un reptile, il faut plus que de l’eau, de la nourriture et un aquarium. Le reptile doit pouvoir adopter son comportement naturel pour réagir aux stimuli négatifs (comme la faim et la soif), mais aussi pour vivre des états positifs, comme suivre le mouvement des saisons, jouer, interagir avec ses congénères (membres de la même espèce), et recevoir ou donner des soins maternels.
Nous savons que les propriétaires d’animaux font de leur mieux pour soigner leur animal, mais il est impossible de répondre à tous les besoins d’un reptile en captivité. À la maison ou en enclos, on ne peut reproduire l’habitat complexe, le climat et l’espace où il aurait la liberté dont il jouit à l’état sauvage.
Pour compliquer les choses, de nombreuses espèces de reptiles n’ont jamais été étudiées dans leur environnement naturel. Par conséquent, les recommandations de l’industrie des animaux exotiques ne reflètent pas toujours ce que vit le reptile dans la nature, mais sont plutôt fondées sur de l’information recueillie pendant la détention en captivité.

Photo: Ralph (Ravi) Kayden, Unsplash
Les médias sociaux alimentent le commerce des reptiles
Les médias sociaux ont contribué à populariser la mode des animaux exotiques. Les images et vidéos de reptiles et d’autres animaux sauvages en compagnie des humains incitent les gens à vouloir en posséder.
Ces images et vidéos nous font faussement croire que ces animaux sont heureux, amusants et faciles à garder chez soi.
Autre conséquence des médias sociaux: ils facilitent le contact entre trafiquants et acheteurs. On peut acheter un animal sauvage sur les plateformes comme Facebook Marketplace en un simple clic.

Photo: Liam Edwards, Unsplash
Des propriétaires de reptile ignorent que leur animal est sauvage
Le fait de naitre en captivité ne fait pas d’un animal sauvage un animal domestique ni même un bon animal de compagnie. Contrairement aux chiens et aux chats, les reptiles (serpents, lézards, tortues, etc.) n’ont pas évolué auprès des humains et ne sont donc pas domestiqués. Cela peut surprendre parce qu’ils sont vendus comme animaux de compagnie. Or, sur le plan génétique et instinctif, ces animaux sont sauvages: leurs traits (besoins comportementaux et psychologiques) sont similaires à ceux de leurs homologues sauvages.
On sait que la plupart des gens qui achètent un reptile de compagnie le font par amour des animaux. Mais rares sont ceux qui comprennent leurs besoins complexes et qui savent reconnaitre chez eux les signes de maladie ou de détresse. Si le chien ou le chat peut nous communiquer que quelque chose cloche, le reptile n’a pas nécessairement cette capacité. Par exemple, on associe souvent à tort la sédentarité à un état naturel chez certains reptiles. Sauf que dans certains cas, il peut s’agir de léthargie: un comportement anormal, signe que quelque chose ne va pas.
C’est pourquoi nous vous suggérons de respecter les reptiles et de les laisser vivre dans la nature, à l’état sauvage. On ne devrait adopter que des animaux domestiques, dont les besoins peuvent être entièrement satisfaits en captivité.