Réduire les émissions à l’aide de politiques axées sur les produits alimentaires d’origine végétale
Rapport
Par Lynn Kavanagh
Notre dernière étude démontre comment le plafonnement des émissions agricoles et la promotion des aliments à base de plantes peuvent aider le Canada à atteindre ses objectifs climatiques pour 2030 et 2050.
En août 2022, nous avons demandé à Navius Research d’effectuer une analyse examinant le rôle de la consommation d’aliments d’origine animale dans l’atteinte des objectifs d’émission de gaz à effet de serre (GES) du Canada. Cette recherche a démontré qu’une transition vers des régimes alimentaires à base de plantes pourrait réduire les émissions agricoles et réduire le coût de l’atteinte des objectifs d’émissions du Canada pour 2030 et 2050.
En s’appuyant sur cette recherche, Navius Research a effectué une nouvelle analyse intitulée « Politiques visant à promouvoir la production et la consommation d’aliments végétaux au Canada ». Cette récente étude est axée sur la manière dont des politiques spécifiques pourraient encourager l’agriculture végétale et la consommation d’aliments végétaux afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Rapport complet (en anglais seulement)
À l’aide d’une simulation modélisant l’économie, la consommation d’énergie et les émissions du Canada, Navius Research a prédit l’efficacité de différentes politiques visant à réduire les émissions tout en soutenant notre économie et la manière dont la population et les entreprises pourraient réagir à ces changements.
Plafonnement des émissions de l’agriculture
La mise en place d’un plafond pour les émissions de GES provenant de l’agriculture, semblable aux plafonds actuels imposés au secteur pétrolier et gazier du Canada, pourrait réduire les GES de 29 tonnes métriques d’équivalents en CO2 (Mt éq. CO2) d’ici 2030 et de 89 Mt éq. CO2 d’ici 2050. Cette réduction proviendrait principalement de la diminution de l’élevage d’animaux, l’agriculture animale produisant davantage d’émissions de carbone que l’agriculture végétale, avec une baisse de 22 % d’ici 2030 et de 50 % d’ici 2050. Cette politique suffirait à elle seule à remettre le Canada sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs climatiques de 2030 et 2050 tout en permettant une croissance économique durable dans le secteur. Les émissions diminueraient davantage si les consommatrices et consommateurs adoptaient un régime alimentaire plus végétal.
Limite de production de l’agriculture animale
Limiter la croissance de l’agriculture animale permettrait de réduire les émissions de 11 tonnes métriques d’équivalents en CO2 (Mt éq. CO2) d’ici 2030 et de 39 Mt éq. CO2 d’ici 2050. Cette politique entraînerait une baisse de l’élevage d’animaux de 19 % (d’ici 2030) et de 43 % (d’ici 2050). L’agriculture végétale continuerait à croître, mais plus lentement, de sorte que la croissance globale de l’agriculture ne serait que légèrement réduite.
Subventionnement des substituts alimentaires d’origine végétale
L’octroi d’une subvention de 15 % sur les substituts d’origine végétale, les rendant ainsi plus abordables pour les consommatrices et consommateurs, aurait une influence modeste sur les émissions. La recherche a toutefois démontré que même si une subvention pour les protéines d’origine végétale ne permettait pas à elle seule de modifier les habitudes de consommation de la population, elle pourrait être efficace en combinaison avec d’autres mesures, telles que des systèmes d’étiquetage et des programmes d’éducation visant à promouvoir les avantages des aliments végétaux.
Renseignements importants
Les résultats de cette analyse contiennent des renseignements importants pour les responsables politiques, y compris les suivants :
- Le rôle de l’agriculture dans l’atteinte des objectifs en matière d’émissions : le secteur agricole canadien peut contribuer à l’atteinte de l’objectif du Canada en matière d’émissions pour 2030. Il existe un écart de 9 Mt éq. CO2 entre les politiques actuelles et l’objectif, mais le plafonnement des émissions agricoles ou de l’élevage d’animaux pourraient contribuer à combler cet écart.
- Une croissance durable jusqu’en 2050 : bien que les politiques de réduction des émissions puissent ralentir la croissance économique par rapport aux politiques actuelles, le secteur agricole et l’économie canadienne pourraient continuer à croître à l’aide de politiques qui encouragent les régimes alimentaires à base de plantes tout en réduisant les émissions.
- Un plafond d’émission pour une réduction rentable : un plafond d’émission pour l’agriculture est la politique la plus efficace pour réduire les émissions, encourager les technologies de réduction des émissions et favoriser la transition vers des régimes alimentaires à base de plantes.
- Un plafond de production pour l’agriculture animale afin de transformer le système alimentaire : la restriction de l’agriculture animale est plus efficace qu’un plafond d’émissions pour transformer le système alimentaire du Canada et offre des avantages environnementaux allant au-delà de la réduction des GES, comme une meilleure utilisation des terres, la conservation de l’eau, la biodiversité et la réduction des risques de pandémie.
- Changements de politiques et de comportement : l’efficacité des politiques dépend du comportement des consommatrices et consommateurs. Les plafonds d’émission ou les limites de production sont moins efficaces si les gens n’adoptent pas une alimentation plus végétale. Toutefois, des subventions pourraient accroître leur incidence si un plus grand nombre de personnes choisissent déjà des options à base de plantes.
Une voie vers la stratégie pour une agriculture durable du Canada
Le secteur agricole canadien doit en faire davantage pour contribuer à la stratégie de réduction des émissions du pays. Même si les innovations technologiques sont importantes, nous devons procéder à un examen critique des aliments que nous consommons et de la façon dont ils sont produits. Les politiques proposées s’harmonisent aux objectifs plus larges du Canada, notamment l’élaboration d’une stratégie pour une agriculture durable.
Pour réaliser des progrès importants dans la réduction des émissions et atteindre les objectifs climatiques du Canada, il est essentiel de mettre en œuvre des politiques qui limitent l’agriculture animale et font la promotion d’aliments végétaux.
Ces stratégies ne concernent pas seulement les émissions de gaz à effet de serre; elles offrent également des avantages plus vastes en matière d’environnement et de santé. En combinant ces approches avec des incitatifs à la consommation, nous pouvons construire un avenir plus durable.
Pour en savoir plus, lisez les résultats complets de la recherche :
Rapport complet (en anglais seulement)
Source de la photo de la bannière : Jo-Anne McArthur/We Animals