Un jour dans la vie d’un perroquet braconné

15/02/2019

Le perroquet jaco est l'oiseau sauvage de compagnie préféré en Europe, aux États-Unis et au Moyen-Orient. Mais son parcours jusqu’à destination est d’une tristesse inimaginable.

This is the beginning of her long, frightening and hazardous journey towards becoming a pet thousands of miles away from her forest, nest, mate and community.

Jusqu’à 21% des perroquets sont braconnés chaque année pour alimenter le trafic mondial d’espèces sauvages. 

La vie dans la nature

Le jaco sauvage se réveille à la cime d’un arbre dans une forêt luxuriante des basses terres du Cameroun. Son compagnon de vie commence à lui toiletter les plumes, un rituel qui renforce leur lien de confiance. Ensemble, ils s’animent au sein du grand groupe de perroquets de leur coin de forêt.  

Des nuées de jacos virevoltent, plongent et s’appellent, attirant les oiseaux des environs. Puis ils partent en quête de nourriture. Le groupe peut parcourir de 9 à 16 kilomètres! À la saison des pluies, ils se tiennent à la cime des arbres et se nourrissent de fruits, de noix, de graines et de baies. À la saison sèche, ils descendent se nourrir dans les clairières. Malheureusement, dans les deux cas, des pièges de braconniers les attendent.

La capture

En saison sèche, les braconniers placent de grands filets au sol, et y posent un oiseau qui sert d’appât pour attirer les perroquets au sol. 

Pendant la saison des pluies, l’oiseau appât est attaché à un manche à balai, à la cime d’un arbre, où les branches avoisinantes sont enduites de colle. Le braconnier le fait crier pour attirer l’attention des perroquets juchés plus haut. En entendant ses plaintes, un perroquet sauvage descend par curiosité. 

Dès qu’il se pose sur une branche enduite de colle, l’oiseau sauvage reste rivé à la branche. Malgré ses tentatives, il ne parvient pas à s’envoler. Il crie et se démène pour tenter de s’échapper, mais en vain. On lui passe un nœud coulant autour du cou, puis on tire bien fort pour lui décoller les pieds, dans un geste extrêmement douloureux. L’oiseau tombe ensuite au travers des branches, qui l’écorchent au passage. 

Dès qu’il touche le sol, de grandes mains l’empoignent. L’oiseau crie et tente encore en vain de s’échapper. On lui coupe les plumes de vol à la machette: il ne pourra plus voler avant longtemps Paralysé de peur et écorché, il aboutit dans une petite boite. Le couvercle se referme et tout devient noir.

Projet TL2 / Lukuru foundation

Le long calvaire 

Le perroquet sauvage, impuissant, est piégé dans la petite boite. Puis il est trimballé à travers la forêt, balloté de part et d’autre sur le chemin du retour. Ainsi débute un long, pénible et dangereux voyage, en route vers sa nouvelle vie d’oiseau de compagnie, loin de son nid, de son compagnon et des siens.  

Puis le ballotement et les secousses cessent pour faire place au son assourdissant d’un moteur de moto. La moto part en trombe, et l’oiseau est à nouveau projeté en tous sens dans sa boite. Il a beau se débattre et crier, le son du moteur enterre ses cris. Ce long calvaire commence à l’affaiblir. 

Le bruit assourdissant finit par cesser et le perroquet est transporté dans un entrepôt qui sert de centre de détention aux trafiquants et braconniers. Il est brutalement sorti de la boite et jeté dans un caisson de 40 cm par 60 cm, avec une trentaine d’autres jacos qui crient et tentent de s'échapper.  

Le fond du caisson nauséabond est tapissé de fiente d’oiseaux. Dans l’entrepôt, un fermier leur lance une poignée de graines bon marché. Notre petit perroquet est sans force et affamé. Il se démène pour saisir quelques graines parmi les fientes. Les autres oiseaux en font autant, et s’ensuit un repas effréné et désespéré. Les quelques graines qu’il parvient à manger sont aux antipodes de sa diète habituelle dans la forêt. Il développera ainsi des problèmes digestifs et une carence en calcium, s’il survit au trajet d’avion qui l’attend, bien sûr.

Un sale commerce 

Après un vol vers le Moyen-Orient, le perroquet sauvage affaibli est en profonde détresse. Il vient de faire un long trajet étouffant, entassé dans un petit caisson. Les fenêtres du caisson teintées en vert ont dupé les agents de contrôle, qui ont cru voir des perroquets verts non protégés par les lois sur le commerce d’espèces sauvages. 

Plusieurs perroquets du caisson périssent pendant le trajet. Certains de fatigue et de malnutrition, d’autres par suffocation ou des maladies qui se propagent vivement dans ces conditions malsaines. Les cadavres laissés dans le caisson durant des jours contribuent à propager les maladies et les infections. Passablement amoché, notre oiseau est un des rares survivants.  

Vous pouvez les aider

Agissez contre le commerce d’espèces sauvages en vous engageant à ne jamais acheter un animal exotique.

Aidez-nous à protéger la faune en la laissant dans la nature.

Ne jamais acheter de compagnon exotique

Passez à l’action
Indicates required field