Parrot

Faune, au lieu de compagnon

Voici les aspects de la problématique auxquels nous nous attaquons :

La capture et le transport

Pour l’animal sauvage pris dans le commerce des animaux exotiques, le voyage est pénible et souvent mortel. Chassés l’état sauvage ou élevés en captivité, ces animaux souffrent bien avant d’arriver dans nos maisons. Ils sont souvent transportés sur de longues distances, dans des pays très différents de leur environnement d’origine. Plusieurs étouffent et meurent en transit, avant même d’arriver à destination.

Selon nos enquêtes, jusqu’à 66% des perroquets jacos capturés à l’état sauvage et vendus comme animaux de compagnie, comme celui de la photo plus haut, meurent en transit.

Des besoins fondamentaux négligés

On sait que les gens achètent souvent des animaux exotiques par amour. Ils égayent nos vies, et c’est normal qu’on veuille les garder avec soi. Or, plusieurs propriétaires d’animaux exotiques sont totalement inconscients de la souffrance que subit leur animal.

Pour l’animal exotique, la souffrance est inhérente à la vie en captivité. Cette captivité limite leur comportement naturel et pose un risque pour leur santé mentale et physique. Celui qui vit avec des humains souffre souvent de stress chronique et d’une mauvaise santé, car il vit dans un environnement qui ne lui fournit pas à ce dont il a besoin pour être heureux et en santé. L’animal sauvage n’est pas un animal de compagnie: sa place est dans son habitat naturel.

Le déracinement

Bien des animaux exotiques naissent libres et sauvages, puis sont capturés pour être vendus dans le commerce des animaux de compagnie. Or, des études démontrent que ce commerce, incluant le braconnage et le pillage à grande échelle, combiné à la perte de leurs habitats, constitue l’une des pires menaces pour la survie de nombreuses espèces. Les méthodes employées pour attraper ces animaux sont cruelles et barbares : les chiffres sont effarants. Chaque année, 21% des perroquets jacos, une espèce en voie d’extinction, sont capturés et vendus comme animaux de compagnie. Rien que dans un des nombreux centres commerciaux de l’Inde, on a recensé plus de 55 000 tortues étoilées capturées en une seule année. Le braconnage à l’échelle industrielle d’espèces sauvages pour le commerce des animaux de compagnie a des résultats dévastateurs.

Ceux qui parviennent à survivre à la brutalité des méthodes de braconnage sont confrontés aux périls du voyage. Vendus aux négociants, ils sont entassés dans des caisses où ils ne peuvent ni respirer ni bouger. Plusieurs étouffent, ou meurent de faim ou de maladie pendant le trajet. Des valises sont bourrées de tortues. Des caisses d'un demi-mètre sont pleines à craquer de perroquets qui s'écrasent les uns les autres.  Les deux tiers des perroquets jacos meurent en transit. Chez d’autres espèces dont on ignore le nombre exact, le taux de mortalité aussi est extrêmement élevé.

Pire encore, les éléments illégaux et illicites de ce commerce profitent souvent de la corruption gouvernementale, dans de nombreux pays où l’application des lois est très laxiste.

L’élevage en captivité

De nombreux animaux sauvages finissent en captivité dans des fermes d’élevage, tandis que d’autres naissent en captivité et deviennent des usines à reproduction. Le fait de naitre en captivité ne fait pas d’eux des animaux domestiques. S’ils finissent par se laisser approcher par les humains, ils n’en restent pas moins des animaux sauvages, L’industrie de l’élevage pose une série de problèmes pour les animaux pris dans ses rouages. Elle ne constitue en aucun cas une option sécuritaire et sans cruauté pour l’animal. Aussi, l’élevage sélectif pour obtenir certains motifs de fourrure ou d’écailles, ou pour modifier la taille naturelle d’un animal peut avoir des répercussions négatives sur sa santé physique et mentale. On l’observe surtout chez les serpents et autres reptiles, où la tendance est aux nouvelles races design, dont les traits ont été modifiés (ou "morphs") et qui ont peu en commun avec leurs ancêtres sauvages. On sait que les serpents et les reptiles issus de croisements sélectifs, dont les couleurs sont les plus spectaculaires, présentent des signes de troubles neurologiques pouvant se répercuter sur leur bien-être.

Pour ceux qui survivent aux horreurs de l’industrie, la vie d’animal de compagnie en captivité constitue un autre traumatisme. Les études ont démontré qu’un très grand nombre de serpents, de lézards et de tortues meurent dans la première année de leur vie domestique. Comme ces animaux vivent normalement de 8 à 120 ans, on croit qu’ils meurent surtout de maladies liées au stress de la captivité. Les chercheurs observent dans le comportement de ces animaux certains troubles émotionnels similaires à ceux de l’humain. Les perroquets s’arrachent des plumes en réaction à l’isolement et au stress, un peu comme l’automutilation chez l’humain. La loutre cendrée (ou asiatique) adopte en captivité un comportement répétitif destructeur, similaire à celui de l’humain souffrant de troubles obsessifs compulsifs.

La vente en ligne

L’essor des médias sociaux n'a fait qu’accroitre le désir et la facilité de posséder des animaux exotiques qu’on voit en ligne et qu’on voudrait avoir à la maison. La loutre asiatique est la dernière victime du partage de vidéos en ligne : elle devient l’animal de compagnie « tendance », à posséder sans égard à ses besoins ou à sa provenance. Nos études ont démontré que les nouveaux acheteurs d’animaux exotiques sont influencés par les vidéos "mignonnes" dans les médias sociaux, et que ceux qui les ont visionnées en considérant d’acheter un animal sauvage de compagnie sont plus enclins à passer à l’achat. Les médias sociaux sont devenus l’endroit idéal où acheter des animaux sauvages : un marché non règlementé où une multitude d’espèces exotiques sont disponibles en un simple clic. Nous avons constaté l’importance de Facebook dans le commerce en ligne d’animaux exotiques, et bien que Facebook se soit engagé publiquement, sur notre site, à interdire le commerce d’espèces menacées, des faits nous observons que rien n’a changé. On en répertorie des milliers chaque mois dans les groupes dédiés à ces animaux, banalisant ainsi l’achat et la vente d’espèces sauvages.

L’environnement et la liberté nécessaires à l’animal sauvage

Nos enquêteurs ont découvert que la détention d’animaux sauvages pour la compagnie cause plusieurs problèmes précis affectant le bien-être des animaux au sens large.

  • Besoins élémentaires: 75% des serpents, des lézards et des tortues, aquatiques et terrestres, meurent dans l’année qui suit leur achat.
  • Élevage en captivité: les croisements artificiels peuvent produire de graves tares génétiques chez le python royal.
  • Diète: une mauvaise diète peut entrainer une faiblesse des os chez l’iguane vert.
  • Contact humain: la tortue étoilée d’Inde peut attraper des maladies et même mourir à force d’être manipulée.
  • Confinement: contrairement à celui qui vit la maison, le perroquet jaco à l’état sauvage parcourt plusieurs kilomètres par jour.
Indian Star Tortoise

Les risques pour la santé humaine

Les zoonoses (maladies transmises de l’animal à l’homme) présentent un grand risque pour la santé humaine. Elles causent près d’un milliard de maladies et un million de décès humains par année. Selon un estimé, les zoonoses émergentes ont entrainé des pertes économiques se chiffrant par centaines de milliards de dollars US mondialement, au cours des 20 dernières années.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la plupart des spécialistes des maladies infectieuses s'attendent à ce que les prochaines pandémies humaines soient probablement d’origine animale, avec la faune sauvage pour principale source. Les animaux de compagnie exotiques n’y font pas exception. Que vous soyez en contact avec des animaux sauvages dans des foires d’animaux de compagnie aux conditions insalubres ou dans le confort de votre maison, le risque de contracter une zoonose infectieuse augmente pour vous ou votre famille.

35% des zoonoses humaines sont liées aux animaux de compagnie exotiques.

Un animal sauvage ou domestique?

La réponse pourrait vous surprendre

Wild and domestic animals often kept as pets

Les Canadiens adorent les animaux et sont nombreux à partager leur foyer avec toute une variété d’entre eux. Or, il y a une énorme différence entre posséder un chien ou un chat, et un perroquet ou un python. Au Canada, les animaux dits exotiques ou sauvages gagnent en popularité, mais le fait d’en garder à la maison comporte des aspects négatifs.

Alors, qu’est-ce qui distingue le fait de posséder un chien ou un perroquet? Bien des choses, en fait! Voici donc la définition des différents types d’animaux et pourquoi certains font de meilleurs compagnons que d’autres.

L’évolution et l’animal domestique 

Les animaux de compagnie comme les chats, les chiens et les chevaux ont été sélectionnés pour certains traits spécifiques qui, au fil de nombreuses générations, leur ont permis de vivre avec les humains. Comme ces animaux ont été domestiqués, avec de bons soins et dans de bonnes conditions, ils peuvent vivre avec des humains en captivité sans souffrir.

Le processus de domestication prend des milliers d’années. On croit que la domestication du chien remonte à aussi loin qu'il y a 27 000 à 40 000 ans, et celle du chat, il y a 3600 à 9500 ans. [1]

L’animal exotique est un animal sauvage

L’animal exotique est un animal sauvage qui n’a jamais été domestiqué et qui n’est pas originaire d’une région. Les serpents, les perroquets, les geckos, les renards, les scorpions et même les chats africains ne sont que quelques-uns des animaux qu’on garde à la maison au Canada.

Contrairement à l’animal domestique, il est sauvage. On ne peut absolument pas reproduire à la maison l’espace et la liberté dont il jouit dans son environnement naturel. [2] Dans la nature, le python royal vit dans plusieurs types d’habitats : caché dans un terrier le jour et dans un arbre la nuit. Dans une maison, le python royal passe toute sa vie dans un petit enclos, où, dans certains cas, il ne peut jamais s’étirer sur toute sa longueur.

Notre désir d’avoir des animaux de compagnie non traditionnels encourage le commerce international, souvent illégal, d’espèces sauvages. [3] De nombreux animaux vendus comme « compagnons » commencent leur vie à l’état sauvage, puis sont capturés de manière souvent cruelle. Ils sont couramment entassés dans de petits contenants ou caisses, où ils sont parfois incapables de respirer ou de bouger. Selon nos enquêtes, jusqu’à 66% des perroquets jacos capturés à l’état sauvage et vendus comme animaux de compagnie meurent pendant le transport.

Même élevé en captivité, l’animal exotique reste un animal sauvage

L’élevage en captivité ne lui fait pas perdre sa nature sauvage. Malgré les meilleures intentions du propriétaire, l’animal sauvage qui vit chez lui souffre souvent d’un milieu inadéquat, comme la nourriture, l’espace et la température dont il a besoin pour être en bonne santé.

Et l’industrie de l’élevage comporte aussi son lot de problèmes. Par exemple, l’élevage sélectif pour obtenir certains motifs de fourrure ou d’écailles peut avoir des répercussions négatives sur la santé physique et mentale de l’animal. C’est particulièrement vrai pour les serpents et autres reptiles, dont les acheteurs recherchent les nouvelles races « design », issues de la mutation ("morphs"), et qui ont peu à voir avec leurs ancêtres sauvages.

Même apprivoisé, l’animal exotique reste toujours sauvage

Certains animaux sauvages nés en captivité tolèrent mieux les humains, mais ça ne veut pas dire qu’ils sont domestiqués. L’animal sauvage qui s’habitue aux gens reste sauvage, il garde son instinct sauvage et souffre en captivité.

[1] Bluecross and The Born Free Foundation, 2015, One Click Away: An investigation into the online sale of exotic animals as pets.

[2] Auliya, M. & Schmitz, A. 2010. Python regius. The IUCN Red List of Threatened Species 2010 and Toudonou, Christian AS. 2015. Ball python Python regius. CITES.

[3] Warwick et al, 2018, Exotic pet suitability: Understanding some problems and using a labelling system to aid animal welfare, environment and consumer protection, Journal of Veterinary Behavior.

Cas d’étude : Perroquet – Âme sauvage

Le perroquet jaco est un animal incroyable. On sait qu’il est très sociable et qu’il peut voler plusieurs kilomètres par jour à la recherche de nourriture.

Et la vie de solitaire en cage est aux antipodes de la vie dans la nature.

Le perroquet jaco vendu dans les foires d’animaux exotiques vit entre l’Afrique de l’Ouest et le Congo. Si les perroquets qu’on voit en ligne ou dans les animaleries sont nés en captivité, leurs parents ou grands-parents ont été capturés à l’état sauvage. Les petits des animaux sauvages restent des animaux sauvages et conservent leur instinct et leurs besoins naturels.

Malgré tout, près de la moitié des Canadiens trouvent acceptable d’avoir des oiseaux « de compagnie ». [4] Et cette opinion est excusable, car l’industrie des animaux exotiques fournit peu d’information sur leurs besoins particuliers, leurs comportements complexes et les soins très spéciaux à leur donner.

Comme le perroquet peut vivre plus de 60 ans, il survit souvent à son maitre et peut passer d’un foyer à l’autre plusieurs fois au cours de sa vie. Et comme il est très sociable, le fait de vivre seul en cage le fait souffrir d’isolement et d’ennui, au point qu’il s’arrache des plumes, il s’automutile et il crie constamment. Ce comportement difficile pousse bien des propriétaires à se défaire de leur perroquet, ce qui continue le cycle de douleur de l’animal.

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Alix Wilson, une vétérinaire spécialiste des animaux exotiques, explique son expérience auprès des perroquets :

« Je vois des oiseaux très mal en point tous les jours. Or, tous les jours je vois des propriétaires qui adorent leur oiseau, mais qui ne savent pas en prendre soin. Ils ne savent tout simplement pas dans quoi ils se sont embarqués. Et tous les jours, les gens nous appellent pour mettre leur oiseau en adoption. »

Le perroquet jaco est l’oiseau sauvage de compagnie préféré en Europe, aux États-Unis et au Moyen-Orient. Comme de nombreux sanctuaires d’oiseaux sont déjà pleins, il y a d’innombrables perroquets qui risquent de passer leur vie à souffrir en captivité.

[4] World Animal Protection Brand Tracking, 2018.

Que faire si vous avez déjà un animal exotique?

Si certains animaux exotiques tolèrent mieux la vie domestique que d’autres, leurs besoins ne sont jamais entièrement comblés en captivité. On ne devrait garder à la maison que des animaux domestiques, comme les chats et les chiens, car leurs besoins sont plus simples à satisfaire.

Si vous possédez déjà un animal exotique, vous devriez consulter un vétérinaire spécialisé pour vous assurer de répondre à un maximum de ses besoins en matière de bien-être, si vous ne l'avez pas déjà fait. Nous vous encourageons à continuer d’offrir à votre animal ce qu’il y a de mieux aussi longtemps que possible.

Et surtout, vous ne devriez jamais relâcher un animal exotique dans un nouvel écosystème. La plupart des animaux ne peuvent survivre seuls dans un nouvel environnement et meurent généralement de faim, des rigueurs d’un climat auquel ils ne sont pas adaptés ou sous les griffes de divers prédateurs. Et si la plupart meurent, certains peuvent s’adapter à un environnement étranger, s’y établir et devenir une espèce envahissante. Ils peuvent alors avoir un impact dévastateur sur les espèces indigènes et leurs écosystèmes.

Contribuez à garder les animaux sauvages dans leur milieu sauvage en vous engageant à ne jamais acheter d’animal exotique ou à ne pas faire accoupler celui que vous possédez.

Choisissez d’adopter un animal domestique plutôt que d’acheter un animal exotique

N’achetez pas d’animaux exotiques. Nous vous suggérons tous de respecter et d’apprécier les animaux sauvages dans la nature, dont ils font partie.

Nous devrions uniquement accueillir dans nos maisons les animaux que nous avons domestiqués au fil des millénaires et dont nous pouvons entièrement satisfaire les besoins.

Prenez notre engagement et engagez-vous à garder les animaux sauvages dans la nature

Agissez contre le commerce d’espèces sauvages en vous engageant à ne jamais acheter d’animal exotique. Aidez-nous à protéger la faune en lui permettant de vivre à l’état sauvage.