Mon objectif a capté des animaux agités qui font les cent pas, des cages stériles et une souffrance bouleversante dans des zoos amateurs ontariens.
Sur une période de dix jours, Erin, notre gestionnaire de campagne pour les animaux sauvages, et moi avons visité plusieurs zoos amateurs à l’échelle de la province (lire son compte rendu de nos visites). Alors qu’elle prenait des notes et documentait ce dont nous étions témoins, je l’accompagnais avec mon appareil pour capter la réalité quotidienne des animaux.
Nous n’avions ni caméra cachée ni déguisement. Nous avons tout simplement acheté des billets à l’entrée, comme le ferait toute personne qui veut visiter les lieux et voir les animaux. Extérieurement, nous nous fondions peut-être à la foule, mais intérieurement, je ressentais de l’effroi pour ce que j’étais sur le point d’observer.
Voici les images, et les moments, que je n’oublierai jamais :
Un jeune tigre faisant les cent pas sur un chemin qui longe son enclos stérile.
Nous avons longuement observé ce tigre en espérant qu’il brise le cycle. Mais il ne l’a pas fait. Il allait et revenait dans un va-et-vient ayant usé la pelouse jusqu’à la terre nue et gravé le tracé dans sa mémoire musculaire. Photographier ce moment m’a semblé intrusif, mais nécessaire.
Un babouin assis dans un enclos stérile, me fixant du regard à travers la clôture.
Je me rappelle du moment où j’ai pris cette photo, à quel point le temps a semblé s’arrêter quand nos regards se sont croisés. J’avais la sensation qu’on me demandait de l’aide. J’ai déclenché l’obturateur, puis abaissé l’appareil. Parfois, documenter semble être à la fois un témoignage et un échec.
Un lion étendu sur une plateforme en bois usée dans son enclos.
Je me souviens avoir ressenti de l’inconfort en me tenant debout à cet endroit. La clôture qui nous séparait de cet immense prédateur n’était pas haute… peut-être trois mètres tout au plus. Je n’arrêtais pas de penser à la facilité avec laquelle ce dangereux félin pourrait la franchir s’il en avait la motivation. La situation était non seulement triste, mais aussi dangereuse. Pourtant, selon les lois en vigueur en Ontario, cette installation est tout à fait légale.
Un renard roux apathiquement étendu dans son enclos maison.
Son immobilité laissait transparaître de la lourdeur, comme s’il avait déjà capitulé. Ni va-et-vient, ni vivacité, ni étincelle dans son regard. Que du silence ressemblant à de la résignation.
Une moufette rayée tendant la patte pour prendre une arachide.
De tous les animaux que nous avons vus, c’est d’elle que je me souviendrai le plus longtemps. La moufette faisait les cent pas sans relâche, tournant dans son minuscule enclos dans une transe frénétique et désespérée. Nous observions alors qu’une personne lui offrait une arachide. Nous espérions que ce geste la sorte de sa torpeur, et ce fut le cas pour un bref instant.
Mais elle a ensuite repris ses va-et-vient. Voilà à quoi ressemble la souffrance.
Et cette moufette n’était pas une exception. Dans tous les zoos amateurs que nous avons visités, nous avons vu des animaux sauvages faire les cent pas, tourner en rond, mordre des clôtures et montrer d’autres signes de détresse psychologique.
Ce ne sont pas là des manifestations de simple ennui, mais plutôt de traumatisme. Ces mouvements répétitifs, appelés stéréotypies, sont des mécanismes d’adaptation développés par les animaux lorsqu’ils sont coincés dans des environnements qui ne répondent pas à leurs besoins physiques ou mentaux.
Regardez les images par vous-même. Voilà à quoi ressemble la vie dans les zoos amateurs.
C’est pénible à voir. Même derrière un appareil, il était difficile de regarder la réalité en face. Mais les choses peuvent changer.
Ce que vous pouvez faire pour aider la faune en captivité
Chez Protection mondiale des animaux, nous travaillons sans relâche afin de changer les lois qui rendent cela possible, mais nous avons besoin de votre soutien.
📢 Si vous vivez en Ontario, écrivez une lettre ou un courriel à votre parlementaire pour lui mentionner que vous soutenez ce projet de loi! (Trouvez votre parlementaire et ses coordonnées ici)
🐾 Et prenez l’engagement de ne jamais visiter un zoo amateur!
Chaque voix compte. En refusant de soutenir ces attractions cruelles, vous contribuez à protéger les animaux sauvages d’une vie de confinement, de détresse et de négligence au nom du divertissement.
Source de la photo de la bannière : Un coati s’agrippant à la clôture à mailles losangées de son enclos dans un zoo amateur de l’Ontario. Toutes les photos ont été prises par Sasha Rink pour Protection mondiale des animaux.