
J’ai visité les pires zoos amateurs de l’Ontario pour que vous n’ayez pas à le faire
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Par Erin Ryan
Je croyais savoir dans quoi je m’embarquais, mais les zoos amateurs de l’Ontario étaient pires que ce que j’aurais pu imaginer.
De nombreuses villes ontariennes n’ont aucun règlement interdisant la garde d’animaux sauvages exotiques, comme les tigres ou les singes. Presque n’importe qui peut acquérir des animaux sauvages, assembler quelques cages, planter une enseigne et s’appeler un zoo. Nous appelons ces endroits des zoos amateurs.
Contrairement aux zoos accrédités de plus grande envergure, qui sont conçus pour offrir un habitat naturel aux animaux, les zoos amateurs présentent souvent de petites installations mal entretenues accueillant des animaux dans des conditions exiguës et insalubres. Aucune formation ni éducation, et aucun plan d’affaires, plan financier, ni plan d’urgence ne sont requis pour ouvrir un zoo.
En dix jours, j’ai visité un certain nombre de zoos amateurs dans l’ensemble de l’Ontario. Voici ce que j’y ai vu :
- Des enclos mal conçus et « faits maison ». Ces enclos bricolés présentent des risques pour la sécurité des animaux comme pour celle des personnes qui visitent le zoo. Des blessures et des évasions peuvent se produire et sont déjà survenues.
- De petites cages stériles. Les enclos des animaux étaient souvent petits et sales. Les animaux n’avaient pas assez d’espace ni d’enrichissements pour laisser leurs comportements naturels s’exprimer. La plupart des enclos n’avaient pas de végétation ou en avaient très peu, et recevaient parfois à peine de la lumière du soleil.
- Aucun endroit où se cacher. Les zoos amateurs sont faits pour les personnes qui les visitent, pas pour les animaux. Ces derniers n’ont aucun endroit où se cacher dans leurs enclos s’ils le souhaitent, et il m’est apparu évident qu’ils le souhaitaient!
- Des animaux qui font les cent pas. J’ai vu des animaux faire les cent pas, se mordre la queue et présenter d’autres formes d’automutilation, des signes d’une profonde détresse psychologique. La plupart des animaux faisaient les cent pas de façon si répétitive que le tracé de ceux qui avaient accès à de la pelouse l’avait fait disparaître.
Un jaguar noir faisant les cent pas. La vidéo a été accélérée et recadrée. (Video : Sasha Rink / World Animal Protection)
- Des informations trompeuses sur la conservation de la faune. Les personnes qui visitent ces zoos croient qu’elles soutiennent la conservation ou des animaux secourus. Mais les zoos amateurs en font très peu ou ne font rien du tout en matière de conservation des espèces vulnérables. Les animaux sont achetés ou élevés pour vivre en captivité.
Je n’ai pas vu ces problèmes dans un seul, mais bien dans tous les zoos amateurs.
Moi qui aime les animaux et qui garde une mini panthère (c.-à-d. un chat domestique noir), je ne pouvais m’empêcher de constater de la souffrance partout. J’ai eu le cœur brisé en voyant un jaguar noir faire les cent pas sans s’arrêter dans une cage stérile et jonchée d’excréments.
J’ai pensé à mon petit Wesley. Les chats de maison ont été domestiqués il y a des milliers d’années. Ses besoins sont bien différents de ceux d’un félin sauvage originaire des Amériques. Wesley pèse 7 kg (15 lb) et dispose de plusieurs pièces, lits, jouets et endroits où se cacher, en plus d’une litière nettoyée quotidiennement.
De son côté, ce jaguar noir a les mêmes besoins que ses semblables vivants en nature. Il pèse de cinq à huit fois plus que Wesley, mais vit dans l’équivalent de ma chambre d’appoint. Il a tourné en rond dans une petite section de l’enclos toute la durée de notre visite.
Wesley la « minipanthère » (ou chat domestique), qui a plus d’espace et d’enrichissement que le jaguar en captivité. (Photo : Erin Ryan)
Photo : Sasha Rink / World Animal Protection
Du plaisir pour toute la famille?
C’est ainsi que ces lieux sont annoncés. Mais ce que j’y ai vu était loin d’être éducatif ou amusant pour quiconque se soucie vraiment des animaux.
Les zoos amateurs que j’ai visités étaient remplis de tables à pique-nique et d’aires de jeux, essayant de se faire passer pour des destinations familiales. Or, ils ne se concentraient pas sur les animaux.
Les enfants harcelaient les animaux malgré les enseignes leur demandant de ne pas le faire ou s’en désintéressaient rapidement. J’ai vu des enfants courir près des enclos, jetant à peine un coup d’œil aux animaux qui se trouvaient à l’intérieur. La quasi-totalité des enfants avait abandonné les animaux en faveur de l’aire de jeux moins de 30 minutes après leur arrivée.
Voilà qui souligne ce que nous savons déjà : la place des animaux sauvages n’est pas dans une cage pour le divertissement, particulièrement si personne n’apprend quoi que ce soit d’important à leur sujet. Les zoos amateurs établissent des normes médiocres en matière de perception et de traitement des animaux sauvages en captivité.
De l’espoir pour la faune en captivité
En fin de compte, mon aventure s’est terminée sur une note d’espoir.
Le 29 mai, j’ai participé à l’annonce des parlementaires Lucille Collard (Ottawa—Vanier) et Karen McCrimmon (Kanata—Carleton) réintroduisant la Loi de 2025 sur la protection des animaux sauvages en captivité aux côtés de notre directeur général et de collègues du Zoo de Toronto.
Voici ce que ferait le projet de loi :
- 📝 Instaurer des permis obligatoires
- 🕵️ Exiger des inspections annuelles et faire respecter des normes strictes en matière de bien-être animal et de sécurité publique
- ⛔ Mettre un terme à l’utilisation d’animaux sauvages à des fins de divertissement
- 📖 Exiger que le personnel soit formé et ait de l’expérience, ainsi qu’une preuve de stabilité financière
- 🔥 Veiller à ce que tous les zoos aient des plans de préparation aux situations d’urgence
S’il est adopté, ce projet de loi harmoniserait enfin la réglementation ontarienne en matière de traitement des animaux en captivité à celle des autres provinces.
📢 Si vous vivez en Ontario, écrivez une lettre ou un courriel à votre parlementaire pour lui mentionner que vous soutenez ce projet de loi! (Trouvez votre parlementaire et ses coordonnées ici)
🐾 Et prenez l’engagement de ne jamais visiter un zoo amateur!
Chaque voix compte. En refusant de soutenir ces attractions cruelles, vous contribuez à protéger les animaux sauvages d’une vie de confinement, de détresse et de négligence au nom du divertissement.
Photos : Sasha Rink / World Animal Protection