
Une autre génération née en captivité
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Emprisonnés dans un bassin en béton, Morgan et son bébé font face à un avenir sans liberté, mais les sanctuaires en bord de mer pourraient transformer leur histoire.
En nature, les orques vivent en grands troupeaux multigénérationnels tissés serrés au sein desquels la famille occupe une place centrale. Quand un bébé naît, toute la communauté contribue à l’élever. Dans cette société matriarcale, les femelles plus âgées transmettent leur savoir sur la chasse, la navigation et la communication dans l’immensité de l’océan. Le lien qui unit une mère et son bébé est particulièrement fort et les petits restent souvent aux côtés de leur mère toute la vie. Ensemble, ils parcourent de grandes distances chaque jour, plongeant dans les profondeurs et explorant la vie en mer.
Voilà la vie qu’aurait dû connaître Morgan.
L’histoire de Morgan
Morgan est une orque femelle qui a été retrouvée souffrant de malnutrition sur la côte des Pays-Bas en 2010. Elle a été capturée pour son rétablissement, à l’issue duquel elle devait être libérée en nature afin de retourner auprès de sa famille.
Elle a plutôt été tragiquement envoyée au zoo Loro Parque, en Espagne, où elle est depuis forcée de se donner en spectacle pour divertir les touristes. Au lieu de vivre dans l’immensité de l’océan avec son troupeau, elle est confinée dans un bassin en béton dans des structures sociales artificielles. Toute possibilité de vivre une vie naturelle lui a été enlevée.
La vie en captivité est difficile pour ces êtres intelligents et sentients. Le stress du confinement entraîne souvent une grande détresse physique et psychologique.
Quatre orques sont mortes au zoo Loro Parque depuis 2021, dont Ula, le premier bébé de Morgan, qui n’a pas vécu au-delà de son deuxième anniversaire. Malgré cela, Loro Parque poursuit son programme d’élevage.
Une autre génération née en captivité
Aux premières heures du 31 mars 2025, Morgan a donné naissance à son deuxième bébé. Ce qui aurait dû être un événement joyeux a plutôt marqué le début d’une autre vie en captivité. Ce bébé ne fera probablement jamais l’expérience des liens profonds et des libertés de la vie en nature.
Morgan et son petit au zoo Loro Parque (photo prise par Protection mondiale des animaux alors que le bébé de Morgan n’avait pas encore une semaine).
Au lieu d’avoir son troupeau avec elle pour l’aider à élever son bébé, Morgan est seule. Plutôt que d’explorer l’immensité de l’océan, Morgan et son bébé sont confinés dans un petit bassin en béton stérile. À moins que les choses ne changent, ce bébé passera toute sa vie à se donner en spectacle pour des touristes et ne connaîtra jamais son vrai milieu naturel, l’océan.
L’espoir des sanctuaires en bord de mer
Imaginez que Morgan et son bébé puissent nager dans les courants frais de l’océan plutôt que de flotter apathiquement dans l’eau chlorée. Imaginez le son des vagues, des oiseaux marins et des autres espèces sauvages au lieu des cris de la foule, de la musique à tue-tête et des applaudissements. Imaginez-les plonger en profondeur et explorer au lieu d’avoir à faire des tours.
Voilà la promesse des sanctuaires en bord de mer.
Les sanctuaires en bord de mer offrent une solution de rechange humaine à la captivité des aquariums. Ils offrent des environnements spacieux et enrichissants aux conditions qui imitent mieux les habitats naturels des orques, leur offrant la liberté de nager, de plonger et de laisser leurs comportements naturels s’exprimer. Dans un véritable sanctuaire, c’est le bien-être des animaux et non le profit qui passe en premier.
Cette vision est en voie de devenir une réalité. De nombreux projets de sanctuaires en bord de mer sont en cours à l’échelle du monde, dont un ici, au Canada. Le Whale Sanctuary Project
de Port Hilford, en Nouvelle-Écosse, est une initiative de sanctuaire qui souhaite offrir aux cétacés comme Morgan une vie paisible où ils ne sont plus exploités pour le profit, mais plutôt respectés en tant qu’animaux sauvages sentients.
Or pour rendre cet avenir possible, nous devons veiller à ce que les gouvernements du monde entier passent à l’action, tout comme l’a fait le Canada en interdisant l’utilisation et l’élevage de cétacés à des fins de divertissement en 2019. Il est temps pour des pays comme l’Espagne d’emboîter le pas.
Avec une pression publique suffisante, nous pouvons inciter les gouvernements à adopter les mesures suivantes :
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Mettre fin à l’élevage en captivité des baleines et des dauphins.
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Soutenir la création de sanctuaires en bord de mer comme solution de rechange humaine.
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Travailler avec des spécialistes du bien-être des animaux pour veiller à ce que les cétacés en captivité aient les soins qu’ils méritent.
Grâce à votre soutien, nous pouvons créer un monde où aucune baleine ni aucun dauphin ne naît dans un bassin en béton, et où les animaux qui sont encore en captivité connaissent enfin la quiétude.