
La rentrée parlementaire : ce qu’elle signifie pour les animaux et l’avenir du système alimentaire canadien
Blog
Par Isaac Smith
Le Parlement est de retour. Cet automne pourrait définir l’avenir du Canada pour les animaux, la nature et les systèmes alimentaires. Découvrez ce qui est en jeu et comment vous pouvez agir.
Le Parlement reprend ses travaux après une longue pause estivale de 12 semaines. Lors de ces vacances, j’ai constaté l’impatience grandissante des personnes qui défendent les animaux et l’environnement à l’échelle du pays. Pourquoi? Parce qu’à bien des égards, nous ne savons pas encore à quel type de gouvernement nous avons affaire. Avec une session parlementaire précédente d’à peine quatre semaines, le nouveau gouvernement de M. Carney a eu très peu de temps pour faire ses preuves.
La session d’automne sera déterminante pour ce dernier, et toute la population suivra de près les progrès accomplis ou non. Bien entendu, la présentation du budget fédéral en octobre sera un moment crucial. Ce sera le signal le plus évident à ce jour de ce que défend le gouvernement actuel et des investissements qu’il est prêt à faire malgré les contraintes budgétaires.
Mes collègues de Protection mondiale des animaux et moi-même suivrons la situation de près. Ce moment est important d’un point de vue politique, mais aussi pour l’avenir des animaux, de la nature et de nos systèmes alimentaires.
Voici comment nous nous attaquons aux grandes priorités pour protéger les animaux, la nature et les systèmes alimentaires du Canada avec la reprise des travaux parlementaires cet automne :
Ce sur quoi nous avons travaillé : un système de renseignements sur la nature pour le Canada
Au cours de l’été, nous avons travaillé d’arrache-pied pour faire progresser un programme pratique et novateur simultanément capable de protéger les animaux, de sécuriser nos frontières, d’améliorer l’efficacité du gouvernement et de sauvegarder la biodiversité naturelle.
Ce programme se nomme le Nature Intelligence System (NIS). Le NIS est un outil propulsé par l’IA dont vous n’avez probablement pas encore entendu parler, mais qui peut aider le personnel des services frontaliers du Canada en signalant les chargements à haut risque contenant des animaux vivants (ainsi que leurs parties et produits dérivés). Cela entraînera une diminution des espèces envahissantes, des communautés plus sûres et une réduction des commerces illégal et légal insoutenables des espèces sauvages.
En réalité, l’industrie du commerce des animaux est d’une complexité incroyable. Des centaines de milliers d’animaux sauvages traversent les frontières du Canada chaque année, beaucoup sans description d’espèce, et le commerce est régi par une mosaïque de règlements, ce qui rend sa surveillance difficile. Selon notre examen des registres d’importation obtenus grâce à des demandes d’accès à l’information, nous estimons qu’entre 2014 et 2019, plus de 90 % de toutes les importations d’animaux sauvages ont été autorisées sans nécessiter de permis. Le NIS permettrait d’obtenir de meilleures données qui pourraient ensuite être utilisées pour prendre des décisions restreignant le commerce légal croissant, sous-réglementé et non durable.
Au fond, nous devons reconnaître l’immense responsabilité qui repose sur le personnel des services frontaliers. Nous nous attendons à ce que ses membres jouent les spécialistes de la réglementation du commerce pour un vaste éventail de produits compliqués allant des animaux aux pièces automobiles en passant par les produits chimiques.
Voici ce que permettrait le NIS :
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Utiliser l’intelligence artificielle pour aider les services frontaliers à repérer les chargements complexes d’espèces sauvages à haut risque.
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Renforcer la capacité de mise en application de la loi aux frontières et possiblement augmenter les revenus provenant des amendes pour non-conformité.
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Réduire l’incidence du commerce des espèces sauvages, l’un des deux principaux moteurs de déclin de la biodiversité.
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Réduire les risques de zoonoses, la propagation des espèces envahissantes et le crime organisé.
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Prévenir l’introduction d’animaux dangereux dans les communautés par l’entremise du commerce des animaux de compagnie exotiques.
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Et, bien évidemment, réduire la souffrance animale.
Nous croyons que la mise en œuvre du NIS représente un investissement sensé et pratique pour le présent gouvernement. Elle correspond à plusieurs engagements de son mandat, donne suite à plusieurs promesses électorales de la plateforme libérale et est abordable à un moment où le gouvernement réduit les coûts. Nous espérons maintenant que le budget d’automne contienne des orientations politiques ou des fonds pour le programme.
Les questions que nous avons suivies
Outre le NIS, nous exigeons et suivons attentivement plusieurs autres mesures essentielles du gouvernement libéral cet automne :
Financement de l’agriculture à base de plantes :
Le Canada a le potentiel d’être un chef de file de la production durable d’aliments à base de plantes. Mais à l’heure actuelle, nos subventions agricoles ne soutiennent pas efficacement la croissance de cette partie du secteur. Ce financement est conforme à la recommandation du Guide alimentaire canadien invitant la population du pays à consommer davantage d’aliments à base de plantes. Voici nos demandes :
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Un soutien aux petites et moyennes exploitations agricoles pour l’adoption de systèmes alimentaires à plus faible empreinte carbone et plus résilients face aux changements climatiques.
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Des mesures incitatives encourageant les entreprises agricoles à passer d’un élevage intensif à grande échelle à une production alimentaire à base de plantes et à des pratiques agricoles durables et sans cruauté qui comprennent une réduction du nombre total d’animaux élevés.
Bien que ces initiatives puissent être considérées comme un coût net pour le gouvernement, leurs avantages doivent être soigneusement examinés. En prenant des mesures pour investir davantage dans l’agriculture à base de plantes, nous pourrions accroître la productivité des entreprises agricoles, réduire les coûts d’exploitation, renforcer la résilience climatique, améliorer la santé et l’environnement de la population canadienne, ouvrir de nouveaux marchés et développer les économies rurales.
Leadership à la COP30 :
Avec la COP30 de novembre qui arrive à grands pas, le Canada a l’occasion de jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale. Nous voulons que le gouvernement démontre son engagement en faveur de systèmes alimentaires durables, d’une transition juste et d’une stratégie d’adaptation sur la scène mondiale en menant des négociations formelles et en s’engageant dans des initiatives et accords internationaux.
Mouvement pour mettre fin au divertissement axé sur les animaux sauvages en captivité et soutenir une solution pour leur transfert :
Dans les dernières années, de nombreux progrès ont été accomplis pour mettre un terme au divertissement axé sur les animaux sauvages en captivité. Émanant du gouvernement, le projet de loi S-15 a été présenté au Sénat et adopté par ce dernier lors de la dernière session parlementaire en remplacement du projet de loi S-241, la Loi de Jane Goodall. Il veillerait à ce que la captivité et l’élevage des éléphants et des grands singes ne soient plus autorisés au Canada. Malheureusement, l’avancement du projet de loi a été interrompu par la dissolution du parlement précédent et il n’a pas encore été réintroduit.
De la même manière, le projet de loi du Sénat S-203 (le projet de loi Free Willy) a reçu la sanction royale pour mettre fin à la captivité et à l’élevage des cétacés et veiller à ce que la génération actuelle de baleines, de dauphins et de marsouins du Canada soit la dernière à connaître ce traitement. La fermeture récente de Marineland (dernier site gardant des cétacés au Canada), mettra le gouvernement à l’épreuve. Il devra respecter la promesse de veiller à ce que ces cétacés soient la dernière génération à avoir vécu en captivité et de les réinstaller dans des lieux adéquats et humains au lieu de délivrer des permis pour leur transfert dans des installations de divertissement ou d’élevage.
Action de prévention des pandémies :
Plus tôt cette année, l’assemblée de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a adopté l’accord sur les pandémies afin de contribuer à leur prévention future. Dans le cadre de cet accord, il a été reconnu que les pays du monde entier doivent en faire davantage pour prévenir les pandémies en adoptant l’approche « Une seule santé », qui reconnaît les interrelations entre la santé des animaux, de l’environnement et des êtres humains. Le Canada a une occasion de jouer un rôle de premier plan dans ce domaine en devenant l’un des premiers pays à ratifier l’accord au Parlement.
Le gouvernement pourrait faire preuve d’un plus grand leadership en créant un plan de prévention et de préparation en matière de pandémie qui s’attaquerait aux principaux facteurs de risque de pandémie, notamment le commerce des espèces sauvages et l’agriculture intensive. Il pourrait y arriver en réintroduisant le projet de loi C-293, la Loi sur la prévention et la préparation en matière de pandémie, qui exige la collaboration du ministère de la Santé et des autres ministères pour créer ce plan, mais encore une fois, le projet de loi est mort au feuilleton à la dissolution de la dernière assemblée.
Votre voix peut contribuer au financement du NIS
Cet automne, les décisions du Parlement auront une incidence directe sur les animaux, la biodiversité et les systèmes alimentaires du Canada. Le NIS est un outil essentiel pour mettre un terme au commerce illégal et nuisible des espèces sauvages, mais il a besoin d’un financement dans le cadre du prochain budget fédéral. Votre voix peut faire une réelle différence.
Agissez maintenant (En anglais seulement)
Nous continuerons de suivre les décisions du gouvernement et de dialoguer avec les grandes instances. Abonnez-vous à nos mises à jour par courriel pour rester à l’affût des nouvelles campagnes et actions.
Ensemble, nous pouvons maintenir la pression et contribuer à bâtir un avenir plus sûr et durable pour les animaux, les êtres humains et la nature.