Les détaillants et entreprises de services alimentaires progressent trop lentement en matière de bien-être animal: le Rapport
Les leaders mondiaux du secteur alimentaire trainent de la patte quant à leurs normes de bien-être, mais les plus petites entreprises font des progrès, selon le dernier rapport du BBFAW (Business Benchmark on Farm Animal Welfare).
Ce huitième rapport du BBFAW, que nous avons créé avec Compassion in World Farming, est le principal indice de référence des entreprises sur le bien-être des animaux d’élevage. Il classe 150 entreprises agroalimentaires en six niveaux, selon leur performance en bien-être des animaux. Le niveau 1 est le plus haut, pour le leader en matière de bien-être des animaux d’élevage, et le 6e est le plus bas, pour l’entreprise qui n’a pas encore reconnu le bien-être des animaux comme une réalité commerciale.
Lire le rapport ici (en anglais).
La demande du consommateur pousse les entreprises à s’améliorer
L’intérêt du consommateur et la volonté croissante des entreprises de veiller au bien-être des animaux sont les principaux facteurs qui poussent bon nombre des entreprises alimentaires les plus influentes du monde vers le changement, ce qui explique pourquoi leur performance dans l’indice de référence continue de s’améliorer d’année en année. Pas moins de 30 entreprises ont vu leur performance s’améliorer au dernier classement. Mais le rapport signale aussi que la progression est encore trop lente pour les quelque 40% d’entreprises qui figurent dans les deux derniers niveaux. Ces dernières ne fournissent que peu ou pas d’information sur la manière dont elles gèrent les risques et les possibilités liés au bien-être des animaux d’élevage.
Ceci est un rappel que, comme consommateur, votre voix compte. Il faut continuer à responsabiliser ces entreprises.
Comment se positionnent les entreprises canadiennes?
Voici quelques entreprises canadiennes évaluées dans le rapport :
- Maple Leaf Foods
- Restaurant Brands International (propriétaire de Tim Hortons, Burger King et Popeyes)
- Saputo Inc
- Loblaw
- Empire Company/Sobey’s
- Couche-Tard
En premier, Maple Leaf se classe au niveau 3, ce qui constitue une amélioration par rapport au niveau 4 de l’année passée; tandis qu’en dernier, la chaine d’épicerie québécoise Couche-Tard se classe au niveau 6.
Maple Leaf Foods est donc une pionnière du bien-être des animaux d’élevage chez nous. Nouvelle venue au BBFAW il y a deux ans, l’entreprise se classait au niveau 4. Si elle se classe aujourd’hui au niveau 3, c’est que la mise en œuvre de ses changements en matière de bien-être animal va bon train, mais qu’il lui reste du travail à faire. Elle progresse bien quant à la transition des truies mères (truies de reproduction) hors des stalles de gestation vers des loges collectives, et elle s’est engagée à enrichir l’environnement des porcs. En tant que grande productrice porcine au Canada, elle a l’occasion de continuer à paver la voie vers le bien-être des porcs. Nous l’invitons à éliminer les pratiques douloureuses comme la coupe de la queue et la castration, et à ajouter des enrichissements de qualité comme la paille.
Du côté des entreprises, il est temps d’agir
C’est une période difficile pour nombre d’entreprises, mais le bien-être des animaux est un enjeu à long terme et il faut du temps pour changer sa chaine d’approvisionnement. Il est temps que les entreprises prennent les décisions qui amélioreront le bien-être des animaux chez leurs fournisseurs.
La pandémie en cours est le plus récent signe nous rappelant qu’il faut changer notre rapport avec les animaux. L’exigüité et la promiscuité des lieux où sont gardés des milliers d’animaux leur causent du stress et affaiblissent leur système immunitaire, ce qui peut favoriser l’émergence de nouveaux virus transmissibles à l’homme. Il est temps que les entreprises entreprennent des changements à long terme.
Nous les encourageons à poursuivre leurs améliorations. En outre, il est nécessaire d’améliorer les conditions d’élevage des poulets de chair, comme l’adoption de races à croissance plus lente, et des porcs de chair, comme l’abandon des pratiques douloureuses telles la castration et la coupe de la queue. Dans des conditions exigües et non aménagées, les animaux sont stressés et s’ennuient. Il leur faut un minimum d’espace et d’aménagements qui répondent à leur comportement naturel.
Les consommateurs peuvent faire pression en réduisant la demande en viande, ce qui réduira la nécessité d’élever des millions d’animaux chaque année dans des fermes industrielles. Manger plusieurs repas sans viande chaque semaine, c’est mieux pour les animaux, pour votre santé et celle de la planète.