Militer pour l’action à la COP27

11/04/2023

Pour réduire les émissions de l’agriculture, nous devons réduire la production et la consommation d’animaux. C’est pourquoi Protection mondiale des animaux a souligné l’importance de s’attaquer à ce facteur responsable des changements climatiques lors de la COP27.

Par Lynn Kavanagh, notre responsable de la campagne agricole

La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de novembre dernier – la COP27 – s’est tenue en Égypte. L’événement réunit des pays et d’autres acteurs du monde entier afin de partager des connaissances, de militer et, plus important encore, de prendre l’engagement de lutter contre la menace mondiale que représentent les changements climatiques.

Le système alimentaire mondial produit environ le tiers des émissions de gaz à effet de serre du monde, dont la plupart sont attribuables à l’élevage.

Il est vital que les gouvernements s’attaquent à ce coupable invisible du réchauffement climatique. Ne pas le faire signifierait que les cibles d’émissions de l’Accord de Paris sur le climat, qui ont pour objectif de limiter l’augmentation de la température planétaire à 1,5 °C, ne seront pas respectées.

Au Canada, le Plan de réduction des émissions (PRE) ne reconnaît pas l’élevage comme une source importante d’émissions de gaz à effet de serre (GES) ou ne s’y attaque pas adéquatement. Bien que des solutions agricoles soient incluses dans le PRE, celles-ci sont principalement axées sur l’amélioration de l’efficacité (p. ex. la technologie verte), quoique certaines pratiques d’agriculture durable y soient défendues.

À ce jour, peu de pays ont pris des engagements significatifs de s’attaquer à l’élevage, une source majeure d’émissions de GES. La conférence représentait une importante occasion de nous prononcer sur le besoin criant d’inclure l’élevage dans le plan de lutte contre les changements climatiques. Protection mondiale des animaux a participé à la COP27 et a organisé deux événements parallèles afin de mobiliser les délégué·e·s quant au lien qui existe entre l’élevage et les changements climatiques.

Nous avons eu l’occasion de rencontrer des délégué·e·s canadien·ne·s pour leur faire part de notre récente étude (en anglais seulement) démontrant le potentiel de réduction des émissions si les Canadien·ne·s réduisaient leur consommation de viande et de produits laitiers de 50 %. Cela permettrait au Canada de respecter ses cibles de réduction des émissions pour 2030, ce qu’il ne réussirait pas à faire autrement, même avec les politiques et les mesures actuellement en place.

En plus de demander à ce que le gouvernement canadien prenne des mesures plus concrètes pour promouvoir les bienfaits d’une alimentation axée sur les produits d’origine végétale auprès des Canadien·ne·s, nos organisations à l’échelle mondiale appellent les gouvernements à :

  • Veiller à ce qu’aucune nouvelle ferme-usine ne soit construite dans les dix prochaines années tandis que la réglementation rattrape le retard afin de faire en sorte que les grandes sociétés d’agriculture industrielle soient tenues responsables des dommages qu’elles causent aux animaux, aux gens et à notre planète.
  • Garantir de ne pas détruire davantage d’habitats pour la production de nourriture destinée aux animaux.
  • Imposer des normes obligatoires de bien-être plus élevées aux systèmes d’élevage intensifs existants afin de protéger le bien-être des animaux.
  • Rediriger les subventions et le soutien aux politiques des systèmes d’élevage intensifs vers des systèmes humains, durables et axés sur les aliments d’origine végétale. Les politiques de passation des marchés publics devraient refléter ce changement.
  • Veiller à ce que les pays dont la consommation de viande par personne est élevée s’engagent à diminuer de moitié la production et la consommation mondiales de protéines animales d’ici 2040.

En fin de compte, nous voulons que les gouvernements comprennent que pour réduire les émissions de l’agriculture, nous devons réduire la production et la consommation d’animaux.

Continuer nos efforts à la COP28

La COP28 organisée prochainement sera notre troisième année de participation au processus de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Nous profiterons de cette occasion pour redoubler nos efforts visant à demander des politiques claires en matière de systèmes alimentaires et des cibles qui soutiennent des alimentations saines et durables (principalement à base de produits végétaux) et une réduction de la consommation de viande.

À la COP27, nous avons constaté l’émergence d’une attention accordée aux systèmes alimentaires, y compris aux émissions de l’agriculture, et la façon dont cette attention pourrait rejoindre l’importance qu’accorde Protection mondiale des animaux à la fin de l’agriculture industrielle et de la destruction des habitats sauvages par la déforestation pour l’alimentation animale. Pour la toute première fois, une « journée de l’agriculture » consacrée a été organisée et au moins quatre pavillons ont mis en lumière l’interrelation existant entre la nourriture et la crise climatique. Autre première, le texte de couverture de la COP27 a souligné la nécessité de créer des systèmes alimentaires résistants au climat et le lien qui existe entre la nourriture et la protection de l’eau. Or, l’action demeure inadéquate. La plupart des gouvernements, y compris celui du Canada, ne reconnaissent pas le véritable effet des fermes-usines industrielles dans les changements climatiques.

Cette année, notre travail se concentrera sur trois éléments principaux :

  1. Rendre plus visible le fait que l’élevage est un facteur responsable de la crise climatique.
  2. Bâtir du soutien au sein de la communauté des organisations non gouvernementales de l’environnement (ONGE).
  3. Influencer les gouvernements et les décideur·euse·s à reconnaître publiquement le lien entre l’élevage et les émissions climatiques et veiller à ce que les gouvernements prennent des engagements pour s’y attaquer.

Restez à l’affût pour obtenir plus de mises à jour sur la COP28!