Expositions de reptiles au Canada : quels sont les risques pour le bien-être animal et la santé publique?

13/08/2020

Chaque année, des milliers d’animaux sont commercialisés lors d’expositions de reptiles partout au Canada. Ces événements présentent un risque pour le bien-être animal et la santé publique, mais il n’y a ni surveillance ni protection. Apprenez-en davantage sur ces risques.

Les expositions de reptiles sont des événements pendant lesquels des reptiles, des amphibiens et des invertébrés sont vendus. Ces événements ressemblent à des salons professionnels où les vendeurs ont des kiosques pour exposer et vendre leurs produits. Dans ce cas-ci, les produits sont des animaux vivants et sensibles. Les animaux sont exposés dans des conteneurs exigus, souvent empilés les uns sur les autres, pour être vendus comme animaux de compagnie ou à des fins de reproduction.

Risques pour la santé publique

Les reptiles (comme les serpents et les tortues) et les amphibiens (comme les grenouilles et les salamandres) transportent et excrètent des bactéries telles que la salmonelle qui peuvent causer des infections chez les humains et même entraîner la mort; ils sont particulièrement dangereux pour les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Dès que ces animaux sont vendus comme animaux de compagnie, les propriétaires ou toute autre personne en contact avec ces animaux sont en danger.

Vous pouvez être infecté par n’importe quel reptile, même des reptiles en bonne santé, même si vous ne les touchez pas, car la salmonelle se retrouve dans les excréments. Tout ce que l’animal touche, comme les plats de nourriture ou leur terrarium, peut transmettre la bactérie aux humains. Les données publiques sur les cas de salmonelle associés aux animaux exotiques au Canada ne sont pas accessibles, mais les données recueillies par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis montrent qu’une éclosion de salmonelle liée aux tortues a touché principalement des enfants de moins de cinq ans (41 %) et une éclosion de salmonelle liée aux grenouilles a touché principalement des enfants de moins de dix ans (69 %). Le CDC recommande: « S’il y a de jeunes enfants dans votre maison, évitez de choisir des reptiles ou des amphibiens en guise d’animaux de compagnie. »

Des éclosions sont fréquentes dans toute l’Amérique du Nord et la plus récente au Canada remonte à décembre 2019, avec 92 cas confirmés liés aux serpents et aux rongeurs utilisés pour les nourrir.

Le fait que des reptiles puissent être vendus à des personnes de tous âges et qu’il n’y ait pas d’âge minimum requis pour visiter une exposition de reptiles est problématique.

Pictured: Pythons handed to children at Repticon pet expo, Memphis.

La salmonelle n’est pas le seul risque

La majorité des animaux vendus dans les expositions de reptiles sont élevés en captivité, mais les reptiles sont toujours braconnés dans la nature et importés au Canada à des fins de reproduction.

L’introduction d’espèces sauvages capturées dans la chaîne commerciale peut être très problématique. Les serpents et autres reptiles peuvent être porteurs de maladies zoonotiques. Des exemples de virus zoonotiques touchant les reptiles comprennent le virus du Nil occidental chez les crocodiles, l’encéphalite équine occidentale et le virus de l’encéphalite japonaise chez les serpents. [1, 2] Une étude plus récente montre que 19 échantillons sur 20 prélevés dans une ferme de pythons en Afrique de l’Ouest contenaient au moins un type de bactérie préoccupante pour les zoonoses. [3] Cette ferme abritait une grande variété d’espèces sauvages capturées et élevées en captivité, un environnement propice à l’émergence et à la propagation de maladies infectieuses.

Ce volet de l’offre du commerce des reptiles est mal surveillé, même au Canada. À part les tortues marines et les tortues terrestres, les reptiles et les amphibiens peuvent entrer au Canada sans permis ni certificat de santé.

Les expositions nuisent également au bien-être animal

En 2019, les chercheurs ont visité plusieurs expositions exotiques, y compris la plus grande exposition de reptiles au Canada, pour observer les conditions des animaux, surtout le python royal, et ont constaté ce qui suit:

  • L’espace était insuffisant: les animaux étaient généralement gardés dans des récipients en plastique pendant toute la durée de l’événement, et nombre d’entre eux n’ont pas pu adopter une posture normale (c.-à-d. étirer leur corps en entier).
  • La plupart des animaux n’avaient pas de nourriture ni accès à de l’eau.
  • Les animaux n’avaient nulle part où se cacher, les laissant exposés aux visiteurs, à la lumière et aux autres stimuli, que les animaux soient timides ou nocturnes.
  • La majorité des vendeurs n’ont pas fourni de matériel pédagogique écrit. [4]

Pictured: A animals kept in tiny containers at a reptile expo.

Comment protéger les animaux et les personnes de ces risques?

Le commerce des espèces sauvages, y compris celui du Canada, permet aux animaux d’être braconnés, élevés et expédiés dans le monde entier — pour en faire des animaux de compagnie, de la nourriture, de la médecine traditionnelle, des produits de luxe et à des fins de divertissements. La réduction du commerce des espèces sauvages est l’une des stratégies les plus efficaces pour protéger les animaux et les personnes. Faites partie de notre mouvement grandissant : Signez la pétition et joignez-vous à la campagne mondiale de la Protection mondiale des animaux invitant le Canada et les autres pays du G20 à interdire le commerce mondial d’espèces sauvages.

Interdire le commerce d’espèces sauvages

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Sources

[1] Ariel E. Viruses in reptiles. Veterinary research. 2011 Dec;42(1):1-2.

[2] Warwick C, Arena PC, Steedman C, Jessop M. A review of captive exotic animal-linked zoonoses. J Environ Health Res. 2012;12(1):9-24.

[3] D'Cruze N, Bates J, Assou D, Ronfot D, Coulthard E, Segniagbeto GH, Auliya M, Megson D, Rowntree J. A preliminary assessment of bacteria in “ranched” ball pythons (Python regius), Togo, West Africa. Nature Conservation. 2020 May 13;39:73-86.

[4] D’Cruze N, Paterson S, Green J, Megson D, Warwick C, Coulthard E, Norrey J, Auliya M, Carder G. Dropping the Ball? The Welfare of Ball Pythons Traded in the EU and North America. Animals. 2020 Mar;10(3):413.