Tigres en danger: l’entreprise à l’origine du Temple des tigres veut ouvrir un nouveau site

24/02/2017

L’entreprise qui exploitait le Temple des tigres, fermé après la macabre découverte de cadavres, de peaux et de dents de bébés tigres, cherche à ouvrir un nouveau site d’attraction en Thaïlande. Il faut les empêcher.

« Il faut faire fermer ces sites d’attraction, car ils sont clairement liés aux réseaux du lugubre trafic des espèces sauvages » - Dr. Jan Schmidt-Burbach, notre conseiller principal pour la faune

Lors d’une récente enquête, nous avons fait l’horrible découverte que l'entreprise derrière le tristement célèbre Temple des tigres renaissait sous un nouveau nom, Golden Tiger (Thailand) Co., et qu’elle planifiait d’ouvrir d’un nouveau parc à tigres.

La construction du nouveau site est déjà en cours à Kanchanaburi, dans l’ouest de la Thaïlande.

En raison des macabres conditions de vie dans l’ancien Temple des tigres, qui a entrainé sa fermeture, nous demandons au gouvernement thaïlandais de ne pas délivrer le permis complet nécessaire à l’ouverture d’un nouveau site abritant des tigres.

 

Permis provisoire

La Golden Tiger (Thailand) Co Ltd a déjà obtenu pour sa nouvelle entreprise un permis provisoire, transféré de l’ancien Tiger Temple Co. Ltd.

Nous craignons que l'entreprise reçoive un permis complet si elle respecte 11 conditions précises dans un délai de six mois.

Le nouveau zoo devra entre autres fournir aux tigres des enclos assez vastes pour leur habitat et les soins vétérinaires. Par contre, ces conditions n’interdisent ni la reproduction des tigres ni leur interaction avec le public au nouveau site.

 

Nos collègues en Thaïlande sont en étroit contact avec le DNP (Département des parcs nationaux) et ont déjà soumis deux demandes, pour empêcher la délivrance d’un permis et interdire la reproduction.

Découverte macabre

Le Temple des tigres, une attraction touristique autrefois populaire pour son grand nombre de tigres, abritait une population de 147 tigres en 2016.

En mai dernier, après des années d’allégations pour reproduction illégale et trafic de cadavres de bébés tigres, plus de 500 agents du DNP ont perquisitionné le site. Ils y ont trouvé des cadavres dans des congélateurs, avec des talismans de peaux et de dents de bébés tigres. Les quelque 147 tigres ont été confisqués et vivent toujours sous les soins du DNP.

Enquêtes en cours

Le Tiger Temple fait présentement l’objet d’une enquête relativement aux allégations de trafic d’espèces sauvages. Ce qui nous inquiète profondément, c’est qu’avec un permis complet, l’entreprise risquerait encore de mettre la vie des tigres en danger.

L’an dernier, nous avons remis au DNP une pétition exigeant une enquête sur tous les parcs où des tigres sont gardés en captivité en Thaïlande. Les 32 000 pétitionnaires demandaient aussi aux autorités thaïlandaises d’interdire la reproduction des tigres sur les sites commerciaux qui n’apportent aucun avantage aux tigres à l’état sauvage.

Souffrance extrême

Notre conseiller principal pour la faune, Jan Schmidt-Burbach, nous explique :

« Les fermes de tigres n’ont rien à voir avec la conservation : elles n’apportent que souffrance extrême et conditions inhumaines à ces animaux sauvages.

Il faut faire fermer ces sites d’attraction, car ils sont clairement liés aux réseaux du lugubre trafic des espèces sauvages. »

Une vie de souffrance

L’an dernier, nous avons publié un rapport d’enquête, « Tiger selfies exposed » (en anglais), sur l’utilisation de tigres pour le divertissement en Thaïlande. Le rapport révélait une augmentation de 33% du nombre de tigres vivant dans les sites touristiques, sur une période de cinq ans.

Les principaux problèmes de santé observés par nos enquêteurs dans ces sites sont les suivants :

  • les bébés tigres sont cruellement séparés de leur mère à l’âge de deux à trois semaines;
  • les jeunes tigres servent d’accessoires photo aux touristes et sont constamment manipulés, ce qui peut finir par les stresser et les blesser;
  • on les punit pour réprimer tout comportement agressif ou indésirable;
  • la plupart logent dans de petites cages de béton ou des enclos vides, et n’ont qu’un accès limité à de l’eau fraiche;
  • un tigre sur dix (12%) a des troubles de comportements. Certains font les cent pas ou se mordent la queue.

M. Schnidt-Burbach poursuit ainsi : « Les touristes doivent prendre conscience que leurs vacances inoubliables avec des tigres causent beaucoup de souffrance. Les selfies avec les tigres sont cruels, alors c’est simple, n’en faites pas! »

Les animaux sauvages ne sont pas des amuseurs

Chaque jour, des centaines de milliers d’animaux sauvages souffrent au nom du divertissement.

Les touristes sont souvent inconscients de la cruauté que subissent en coulisses les tigres et les autres animaux dans les sites touristiques.

Pour pouvoir être manipulés en toute sécurité, les bébés sont séparés de leur mère en bas âge. Les tigres vivent dans des conditions insalubres: souvent gardés en laisse ou dans de petites cages vides. On les punit ou on les bat pour les dresser et les rendre dociles.

Il est possible de faire mieux

En 2014, nous avons réalisé sondage international indépendant : 93% des touristes visitent des espèces sauvages par amour pour les animaux, ou pour s’amuser. De ces touristes, 83% ont dit qu’ils préfèreraient voir les animaux dans leur milieu naturel s’ils le pouvaient.