Réduire la viande, c’est mieux pour les animaux, pour la planète et pour la santé

20/03/2019

Une approche éthique de la viande peut faire un monde de différence dans votre vie et celle des milliards d’animaux d’élevage industriel

Manger sans cruauté n’est pas une question à tout prendre ou tout laisser. Si on commençait par manger moins de viande, en choisissant celle produite dans les meilleures conditions, on aiderait les milliards d’animaux élevés industriellement chaque année.

Blogueur invité, Steve McIvor, Chef de la direction de Protection mondiale des animaux

En tant que directeur général de Protection mondiale des animaux, je me fais souvent demander ce que les gens peuvent faire pour aider les animaux. Je me suis même fait poser la question par de bons amis venus passer le weekend chez moi. Je leur ai suggéré d’éliminer de leur diète la viande produite dans la cruauté. Ils m’ont répondu «Impossible!»…

Presque tous mes convives m’ont alors avoué avoir déjà essayé de devenir végétariens ou véganes, mais qu’après une semaine, la plupart n’ont pu résister à la vue d’un sandwich au bacon ou d’un bon rôti. Je leur ai donc expliqué que je parlais «d’éliminer la viande produite dans la cruauté» et non toute la viande, ce qui a donné lieu à un long débat bien animé.

De mon expérience, ceux qui tentent de devenir végétariens ou véganes finissent souvent par revenir à la viande. Malgré les images troublantes et les vidéos montant les horribles conditions d’élevage des milliards d’animaux, bien des gens n’ont tout simplement pas la volonté ou la motivation d’essayer de réduire leur consommation de viande.

Truies mères dans des cages ou stalles individuelles

Manger moins, manger mieux

Pourtant, manger sans cruauté n’est pas une question à tout prendre ou tout laisser. Si on commençait par manger moins de viande, en choisissant celle produite dans les meilleures conditions, on aiderait les milliards d’animaux élevés industriellement chaque année. Des 70 milliards d’animaux élevés annuellement, 50 milliards vivent en élevage industriel. On traite ces animaux comme les rouages d’une machine et non comme des êtres vivants sensibles. Leur vie est brève et misérable. Ils vivent souvent entassés dans des cages, des caisses ou des enclos brimant leur comportement naturel.

Ils sont souvent sélectionnés pour leur croissance rapide : il en résulte des animaux qui boitent, aux os faibles et friables, et sujets aux infections et à la défaillance des organes. Il faut réellement commencer à y réfléchir en remplissant son panier d’épicerie. En évitant la viande bon marché, produite dans la cruauté, le consommateur peut appuyer les éleveurs qui ont les bonnes valeurs et s’opposer à l’élevage industriel.

The brutal life of a meat chicken in Canada

Des poulets à griller de (environ) 28 jours, élevés à l’intérieur, en système industriel.

Les supermarchés et les fournisseurs doivent agir

La situation progresse pourtant dans certains pays. L’un des plus grands producteurs de porc du monde, Charoen Pokphand Foods, de la Thaïlande, s’est engagé à éliminer les cages pour les truies en gestation. L’entreprise s’assurera que 100% des truies gravides dans ses élevages, en Thaïlande, vivent en loges collectives d’ici 2025. Tout nouvel élevage de truies gestantes devra leur offrir des loges collectives d’ici la fin de 2019. Ces meilleures conditions d’élevage peuvent et doivent être reproduites partout au monde. Or, on peut faire encore mieux. On peut laisser les porcs vivre, bouger, jouer, fouiller, socialiser et exprimer leur comportement naturel en troquant les cages pour des loges collectives et en leur offrant des matières à manipuler comme de la paille.

Les chaines de supermarché ont l’immense pouvoir d’améliorer les conditions de vie des porcs. Selon notre dernière étude internationale, la grande majorité des clients des supermarchés du monde entier se préoccupent du traitement réservé aux porcs industriels et seraient prêts à changer d’épicerie si un supermarché s’engageait à améliorer leurs conditions de vie. Les supermarchés doivent comprendre que leurs clients s’attendent maintenant à des normes de bien-être plus élevées pour les produits du porc.

Truie mère en loge collective aménagée avec des matières

Mieux pour vous, mieux pour la planète

Il est clair qu’en réduisant sa consommation de viande, on réduira la pression sur les éleveurs qui se sont industrialisés pour répondre à la très forte demande mondiale en viande. Cela ne bénéficiera pas uniquement aux animaux, mais aussi à mes convives. Selon le British Medical Journal, manger moins de viande rouge réduit aussi le risque de développer un cancer, des problèmes cardiaques, un AVC, une forme de diabète, des infections, et des maladies rénales, hépatiques ou pulmonaires.

Mais il y a aussi des avantages écologiques. La production animale contribue aujourd’hui à près de 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit plus que tous les moyens de transport combinés. Les millions de vaches élevées pour la viande produisent d’énormes quantités de méthane, un gaz à effet de serre beaucoup plus nocif que le CO2. Sur une période de 100 ans, le «potentiel de réchauffement planétaire» du méthane est 28 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone. Il faut donc prendre l’impact environnemental de la production de viande beaucoup plus au sérieux.

Higher welfare pigs farmed indoors to RSPCA Assured standards

La viande propre

Avant longtemps nous pourrons peut-être manger de la viande sans impact sur le bien-être des animaux, sur notre santé et sur l’environnement. Des chercheurs et des entreprises travaillent sans répit à accroitre la production de «viande propre», cultivée à partir de cellules souches. Cette viande pourrait apparaitre dans les supermarchés d’ici quelques années. Selon certaines études, la culture de la viande en laboratoire réduirait considérablement la superficie de terre et d’eau nécessaires aux élevages traditionnels. Elle réduirait également les émissions de gaz à effet de serre et les graisses saturées, et éliminerait la présence d’antibiotiques et d’hormones de croissance dans la viande.

Outre la viande propre, qui a le potentiel de régler notre crise agricole, les «viandes» d’origine végétale gagnent rapidement en variété et en popularité. Une grande partie du monde a accès à une incroyable variété de légumes bon marché, et en relative abondance.

Donc, pour ceux d’entre nous qui ont exclu la possibilité de devenir végétariens ou véganes, il reste encore des choix écologiques possibles. Sans être une organisation végane ou végétarienne, nous comprenons l’énorme impact que peut avoir sur les animaux d’élevage, sur sa santé et sur la planète le fait de manger moins de viande, mais produite dans de meilleures conditions. Alors engagez-vous à réduire votre consommation de viande produite dans la cruauté. Moi je l’ai fait!

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