Nous sommes en Amazonie pour aider les animaux touchés par les feux

07/09/2019

Nous sommes présentement au Brésil et évaluons la meilleure façon d’aider les animaux touchés par les feux de forêt qui font rage en Amazonie.

Par João Gonçalves, responsable des communications, Protection mondiale des animaux, Brésil.

Jour 1 – Rio Branco, vendredi 30 aout

Notre équipe arrive à Rio Branco, capitale de l’État d’Acre, vers 01h00. Dans l’équipe, il y a moi, la vétérinaire Moira Ansolchet l’agent de sécurité Fernando Costa, tous deux agents de liaison – Catastrophes (DLO).

Notre journée commence par une réunion d’opération et logistique pour planifier les prochaines étapes et l’approche à adopter auprès de nos partenaires et des autorités locales. Je prends le temps de rejoindre certains de mes contacts dans la région, dont une journaliste brésilienne correspondante pour le réseau CBS. Elle vient de passer la semaine à Rio Branco, mais est repartie le jour avant notre arrivée. Elle m’explique que la situation était bien pire la semaine dernière, et que comme il pleut depuis samedi, l’air plus humide réduit l’intensité des incendies. Elle me transmet des contacts de la presse locale et de soutien logistique. 

Dans l’après-midi, nous tenons une rencontre officielle avec la direction locale de l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables (IBAMA). L’IBAMA est l’institution fédérale responsable des lois contre la déforestation, ainsi que de la gestion et conservation de la faune. À notre rencontre se joignent le représentant d’État d’IBAMA, le directeur technique, le coordonnateur du service d’incendies et Elaine Oliveira, directrice exécutive du CETAS (Centre de tri des animaux sylvestres) – l’unique organe fédéral qui accueille les animaux sauvages blessés dans les feux.

Elaine nous explique que la situation s’est empirée depuis la fin de juillet et qu’ils reçoivent surtout des fourmiliers, des paresseux et des serpents. Bien qu’elle n’a pas encore comptabilisé tous les animaux arrivés, elle me dit que le CETAS reçoit régulièrement des faucons et des hiboux.

De retour à l’hôtel, nous tenons une réunion informelle avec le commandant de la Défense civile de l’État. Nous avons parlé d'un éventuel suivi de l'opération de sauvetage dimanche prochain.

Notre agence partenaire nous a informés que deux petits paresseux avaient été sauvés de la région incendiée. Grâce à votre appui, des animaux comme ces bébés paresseux peuvent continuer à recevoir des soins jusqu’à ce qu’ils puissent être relâchés dans la nature. Photo : Protection mondiale des animaux / Noelly Castro

Jour 2 – Rio Branco, samedi 31 aout

Aujourd’hui, la photographe Noelly Castro rejoint notre équipe à Rio Branco, capitale de l’État d’Acre, dans l’Amazonie brésilienne.

Au lever du jour, je pars avec elle explorer les abords de Rio Branco et constater les ravages des feux d’Amazonie dans la partie urbaine de la ville. Du 23 au 25 aout, le service d’incendies de la ville a recensé 220 feux.

À 10 kilomètres de l’hôtel, au centre-ville, nous trouvons de récents foyers d’incendie dans de nombreuses zones déjà ouvertes par des éleveurs locaux. La quantité de bétail près de la ville est impressionnante; nous voyons même un cochon en train de paitre dans une zone récemment brulée.

Dans l’après-midi, nous sommes accueillis par la directrice générale du CETAS, Elaine Oliveira. Aujourd’hui, le CETAS a récupéré environ 70 animaux. Plusieurs sont victimes du milieu urbain (accidents de la route, électrocution), et d’autres sont abandonnés. Le CETAS compte de nombreux oiseaux (perroquets, aras), divers primates, quelques mammifères (tapirs, cochons sauvages) et même un jaguar.

Le centre reçoit aussi des animaux victimes des feux. Il en reçoit normalement près de 20 par mois. À la saison sèche, ce nombre grimpe facilement à 300 – ce qui surcharge le centre bien au-delà de ses capacités. Le centre n’a pas encore comptabilisé les animaux arrivés pendant la saison sèche de 2019 et s’attend à ce que les feux s’intensifient en septembre et en octobre. Parmi les animaux reçus, elle mentionne deux bébés paresseux rescapés d’une zone incendiée il y a environ 15 jours. On soupçonne que la mère s’est sauvée en abandonnant ses petits.

Jour 3 – Rio Branco, dimanche 1er septembre

Dans la matinée, l’équipe roule vers Sena Madureira pour explorer l’impact des feux sur cette route principale de l’État d’Acre. Nous ne voyons aucun incendie actif ni animal blessé. Au milieu de l’avant-midi, le commandant de la Défense civile nous invite à la caserne de pompier locale pour participer à la prochaine intervention.  Comme c’est un peu loin de la ville, nous mettons 30 minutes à nous rendre.

Une fois sur place, nous constatons qu’une partie de la forêt est en feu. L’appel est venu d’un agriculteur voisin, João Esteves Neto, qui craignait que le feu endommage sa propriété. Il possède une terre de 10 hectares, où il élève des cochons, des poulets, des poissons et une vache. Il a tenté de maitriser les flammes avec des amis et des membres de sa famille. Une fois les pompiers sur place, ils parviennent à contenir le feu rapidement.

João explique que ça fait 10 jours qu’ils arrosent les flammes à divers points de sa propriété. Il explique que plusieurs singes, cabiais (Capybara) et canards vivent dans la région : « Ça fait deux jours que l’incendie a atteint cette forêt, mais ça fait 10 jours qu’on se bat contre les flammes ailleurs sur la ferme. Si vous allez en forêt demain, vous trouverez bien des animaux morts. Certains sont incapables de courir pour se sauver. Hier, les gars ont trouvé un serpent calciné. Les oiseaux m’inquiètent aussi; il y a un nid de perroquets dans un des arbres. On voit des perroquets qui surveillent leur nid de loin. Tous vont mourir! »

Le pompier Jhonatan Freita explique pour sa part : « Ça fait six ans que je suis pompier militaire. Chaque année c’est la même chose en saison sèche. Comme vous voyez, il y a une zone secondaire qui a presque entièrement brulé. Je suis soulagé qu’on ait pu sauver cette terre et empêcher l’incendie de se propager à une autre propriété. On voit souvent des animaux fuir les flammes, on les prend si on peut pour les apporter au Centre. On les voit assez souvent courir dans la direction opposée au feu. »

De la ferme de João, les pompiers sont envoyés vers d’autres foyers d’incendie du voisinage. Comme c’est un quartier résidentiel, le feu a ravagé la cour de certaines maisons. Les habitants d’une de ces maisons ont commencé à enlever les animaux domestiques et notre vétérinaire est allé voir sur place. La maison est pleine d’animaux : on recense 6 chiens, 4 chats et un lapin. Nos deux agents de liaison Catastrophes, la vétérinaire Moira Ansolch et l’agent de sécurité Fernando Costa, aident les propriétaires de la maison à apporter les animaux dans leur automobile, loin des flammes.

Une fois les animaux en sécurité, un homme vient nous voir avec un serpent sauvé d’un foyer d’incendie tout près de là. Notre vétérinaire prend le serpent et nous l’apportons au CETAS pour qu’il soit traité adéquatement.

Jour 4 – Rio Branco, lundi 2 septembre

Le matin, nous nous rendons à la caserne de pompiers pour rencontrer le coordonnateur de la Défense civile de l’État. Le Colonel James Gomes nous fait visiter la salle de contrôle, d’où l’on peut suivre les incendies en temps réel. Selon lui, 98 % des feux sont d’origine humaine et seuls 2% sont de cause naturelle, comme la foudre ou le soleil. La saison sèche fait augmenter les feux d’Amazonie pour quatre raisons : les températures élevées, le manque de pluie, le peu d’humidité et les vents violents.

Au cours de la rencontre, notre équipe évalue les besoins de la Défense civile locale. Aujourd’hui il n’y a que cinq hommes pour tout l’État d’Acre. Ils n’ont aucune formation, aucun équipement ni matériel pour le sauvetage d’animaux. Après la rencontre, nous passons au siège social du Conseil vétérinaire de l’État, où nous évaluons aussi comment ils peuvent collaborer à notre travail dans la région.

Après le déjeuner, nous retournons au CETAS pour voir l’état du serpent apporté la veille. Notre vétérinaire rencontre le vétérinaire du CETAS, Claudio Andrade, et l’aide à examiner le serpent. L’animal va bien et sera relâché dans les jours qui viennent. Selon notre vétérinaire, le serpent, une femelle, est en bonne santé. Il est étonnant qu’elle n’ait aucune brulure grave de l’incendie dont on l’a tirée.

Pour finir la journée, nous visitons l’ONG locale Resgatanimal, qui travaille avec des chats et des chiens. On nous dit qu’ils prennent soin des animaux domestiques atteints de troubles respiratoires causés par les feux. La représentante de Resgatanimal, Emilia Dantas, nous dit qu’ils accueillent présentement 45 chiens et 20 chats, étant la seule organisation du genre à Rio Branco. Même avec des ressources limitées, ils réussissent à offrir des soins vétérinaires aux animaux jusqu’à leur adoption.

Jour 5 – Rio Branco et Porto Velho, mardi 3 septembre

Nous quittons Rio Branco tôt le matin en direction de Porto Velho, capitale de l’État de Rondonia.  Porto Velho est la deuxième zone où nous allons évaluer la situation des animaux touchés par les feux au Brésil. Environ 520 kilomètres séparent les deux villes, mais étant donné l’état des routes, il nous faut neuf heures pour parcourir cette distance. 

Nous croisons plusieurs fermes avec des étendues dégagées pour les bovins et quelques zones récemment incendiées. Nous ne voyons aucun incendie actif et, à notre grand soulagement, une forte ondée vient abaisser les 35 degrés de chaleur.

Jours 6 et 7 – Porto Velho, 4 et 5 septembre

Nous passons les deux derniers jours dans la ville de Porto Velho. La situation est très différente ici, où il n’y a aucun CETAS actif (centre de tri de la faune sauvage). À Rio Branco, le CETAS est un organisme public exploité par le ministère de l’Environnement. À Porto Velho, le CETAS est privé et ne reçoit aucun animal. Il a été construit comme mesure compensatoire pour garder les animaux touchés par la construction de la grande centrale hydroélectrique de Rondonia.

Le premier après-midi, nous parcourons environ 100 kilomètres en voiture autour de la ville. Nous repérons de nombreuses zones incendiées, et des restes de forêt et de pâturage, mais ne voyons aucun feu actif ni animal en danger.

En ville, nous tenons plusieurs réunions avec les autorités locales, y compris le service d’incendies et la police de l’environnement. Ils travaillent tous à différents niveaux sur les foyers d’incendie et nous disent que lorsqu’ils trouvent des animaux blessés, ou morts, ils ne peuvent les prendre car ils n’ont aucun endroit où les faire soigner.

Mise à jour

Suite à notre évaluation initiale, nous continuons à travailler avec les autorités locales et nos partenaires pour veiller à ce que tous les animaux rescapés reçoivent les soins dont ils ont besoin.

Nous travaillons en étroite collaboration avec le CETAS (Centre fédéral de tri des animaux sylvestres) afin de veiller à ce que tous les animaux sauvés reçoivent les soins nécessaires. Nous fournissons aussi du matériel de manipulation des animaux et de la formation aux pompiers de la Défense Civile pour les aider à secourir les animaux capturés dans les zones brûlées.

Revenez souvent pour consulter plus de mises à jour sur le terrain. Cliquez ici pour faire un don et soutenir notre travail de gestion des catastrophes afin que nous puissions être là pour les animaux quand ils ont le plus besoin de nous.

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